Abdelmoumène Khelifa arrêté puis remis en liberté contre caution

Soupçonné par Scotland Yard de blanchiment d’argent :

Abdelmoumène Khelifa arrêté puis remis en liberté contre caution

par Youcef B. et Kahina B., Le Jeune Indépendant, 5 mars 2007

New Scotland Yard a révélé, hier, avoir remis en liberté Abdelmoumène Khelifa après l’avoir arrêté le 27 février pour des soupçons de blanchiment d’argent. «Nous pouvons confirmer que les policiers de notre unité de crime économique ont, le 27 février, arrêté un homme de quarante ans sur des soupçons de blanchiment d’argent», a indiqué, hier, un porte-parole de la police de Londres.

«Il a été remis en liberté sous caution et doit se présenter le 20 mars dans un poste de police de Londres», a-t-il précisé. «L’enquête se poursuit», a ajouté Scotland Yard. Quelques heures plus tôt, le chef du gouvernement annonçait l’arrestation, en marge de l’ouverture de la session de printemps du Conseil de la nation, de l’ex-golden boy.

«Khelifa a été arrêté par les autorités britanniques», a-t-il déclaré aux journalistes qui l’ont interpellé. De son côté, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, a estimé que la balle est maintenant dans le camp des autorités britanniques pour l’extradition d’Abdelmoumène Khelifa.

A ses yeux, les Britanniques sentent qu’«ils ne peuvent pas compter sur une sérieuse coopération avec l’Algérie s’ils ne veulent pas coopérer dans une affaire aussi simple que celle-ci et qui relève du droit commun». Le ministre a ajouté dans la foulée qu’«il n’y aura pas de coopération sérieuse, notamment dans le dossier du terrorisme ou dans d’autres domaines, sans la coopération dans les affaires de droit commun, particulièrement dans l’affaire Khalifa».

Une source du ministère de la Justice avait contacté avant-hier certains journaux pour les informer, sous le couvert de l’anonymat, que Khelifa a été arrêté le 27 février à Londres où il s’était réfugié en 2003. Selon la même source, Khelifa a été arrêté par Scotland Yard pour séjour irrégulier et blanchiment d’argent.

Le communiqué de presse de Scotland Yard ne fait pas mention de son séjour irrégulier. Khelifa, réfugié depuis mars 2003 à Londres, a toujours soutenu bénéficier de l’asile politique. Agé de quarante ans, l’ex-golden boy a été jugé par contumace le 8 janvier dernier par le tribunal criminel de Blida.

La faillite du groupe Khalifa aurait causé un préjudice estimé entre 1,5 et 5 milliards de dollars à l’Etat et aux épargnants. Contacté hier en début d’après-midi, l’attaché de presse de l’ambassade de Grande-Bretagne à Alger a déclaré que l’ambassade ne fait pas de commentaire, ni pour confirmer ni pour infirmer l’information.

L’arrestation de l’ex-golden boy, dont la date de la remise en liberté n’a pas été précisée, intervient deux jours après l’échange des instruments de ratification de l’accord d’extradition signé en juillet dernier, à la faveur de la première visite officielle en Grande-Bretagne du président Abdelaziz Bouteflika.

Interrogé plus tôt dans la matinée par l’AFP, le ministère de l’Intérieur britannique s’est refusé à «confirmer ou infirmer si une demande d’extradition a été déposée ou est en cours d’examen pour un individu en particulier», mais reconnaît implicitement l’arrestation.

«Le Royaume-Uni n’est pas un refuge pour criminels et nous nous tenons prêts à aider toute demande d’extradition dans le cadre prévu par la loi», a ajouté une porte-parole du Home Office. L’enquête sur Abdelmoumène Khelifa ne fait que commencer et sera suivie, si des preuves tangibles seront réunies, par sa présentation devant un juge qui étudiera la recevabilité des charges qui pèsent sur lui.

Les procédures d’extradition en Grande-Bretagne sont longues, les riches prévenus pouvant gagner du temps en jouant sur un système de recours complexe, ont indiqué des avocats. Mais si son extradition est obtenue, une nouvelle instruction serait ouverte et la condamnation par contumace que le tribunal de Blida se prépare à prendre annulée.

Dans des déclarations à la presse française, Abdelmoumène Khelifa avait imputé au chef de l’Etat ses ennuis judiciaires, affirmant que la faillite de son groupe, comprenant notamment une banque, une compagnie aérienne et deux chaînes de télévision, était une «affaire d’Etat» et que le procès qui lui était intenté était «tragi-comique».

Y. B. et K. B.