Extradition de Khelifa: La Haute Cour britannique se saisit du dossier

Extradition de Khelifa

La Haute Cour britannique se saisit du dossier

Par : Samia Lokmane-Khelil, Liberté, 30 mai 2010

L’avocate de Khelifa, Anita Vasisht, ne sait pas toutefois quand cette juridiction rendra sa décision.

Le sort d’Abdelmoumen Rafik Khelifa est désormais entre les mains des magistrats de la Haute Cour britannique. Selon Anita Vasisht, avocate de l’ex-milliardaire, le recours a été introduit dans les délais au sein de cette juridiction. Un greffier s’est chargé d’enregistrer la requête et de la transmettre aux juges pour examen. Me Vasisht ne sait pas toutefois quand une audience sera programmée. Comme son règlement le stipule, la Haute Cour a un délai de cinq mois en moyenne pour étudier l’affaire avant de rendre son verdict définitif. Les juges devront se prononcer sur des points de droit concernant l’affaire d’extradition. Mais ils pourront également examiner le fond du dossier. Dans son appel, la défenderesse de l’ancien golden boy s’est employé surtout à discréditer les “assurances diplomatiques” de l’Algérie et qui ont conduit tour à tour le tribunal de Westminster et le Home Office à accepter le transfert de son client dans son pays. Le 28 avril dernier, le ministère de l’Intérieur donnait son feu vert après dix mois de réflexion et quatre ajournements successifs. Il avait estimé qu’en extradant Khelifa, il ne mettait en aucun cas sa vie en danger. Il en veut pour preuve que la peine capitale dans les crimes économiques a été supprimée en Algérie. D’autre part, le Home Office semble convaincu de la culpabilité de Khelifa. “Il n’est pas surprenant qu’Alger tienne à son extradition étant donné l’immense gravité des faits reprochés et l’ampleur de leurs conséquences sur la population algérienne”, a-t-il indiqué. En rendant son verdict en juin dernier, le juge du tribunal de première instance, Timothy Workman, avait également mis en exergue le fait que le milliardaire déchu n’est pas une victime d’un règlement de compte politique, mais bel et bien coupable de crime économique. Le magistrat avait estimé que son transfèrement ne comportait pas de risques pour sa vie et n’était aucunement une violation de la convention internationale des droits de l’homme. Entre autres assurances diplomatiques, l’État algérien s’est engagé à organiser un nouveau procès Khelifa, pour permettre au principal protagoniste de l’affaire de plaider sa cause. En mars 2007, l’ancien milliardaire était condamné par défaut à la réclusion à perpétuité, à l’issue du procès concernant la gestion de sa banque. La même année, il était arrêté à Londres par une brigade économique et financière de Scotland Yard, dans le cadre de l’exécution d’un mandat d’arrêt européen délivré par un tribunal parisien, sur la base d’une instruction concernant la faillite frauduleuse des filiales du groupe Khalifa en France. Depuis, il est incarcéré dans la prison de Wandsworth, au sud de Londres. Son avocate évoque sa terreur à l’idée de retourner en Algérie, où il craint d’être tué. Pour empêcher son transfert, Khelifa compte exploiter tous les recours que lui offre la loi. Si la Haute Cour avalise les décisions du tribunal de Westminster et du Home Office, il compte se tourner vers la Chambre des lords et la Cour européenne des droits de l’homme.