Cadres incarcérés dans l’affaire El Khalifa Bank

Cadres incarcérés dans l’affaire El Khalifa Bank

La détention préventive prolongée de 4 mois

Samia Lokmane, Liberté, 11 juin 2006

Cette reconduction est motivée par l’expiration du délai légal du séjour des prévenus en prison.

La cour de Blida a ordonné à la fin de la semaine dernière la prorogation du délai de la détention préventive des trois cadres d’El Khalifa Bank, incarcérés à la maison d’arrêt d’El-Harrach. La reconduction du mandat d’arrêt s’explique par l’expiration du délai légal de 16 mois d’emprisonnement provisoire. “Au-delà de cette période, la justice devait les libérer”, observe un de leurs avocats. Le prolongement du séjour en prison a été accueilli par les détenus avec une grande inquiétude. Aucun des trois n’a accepté de parapher la nouvelle mise sous écrou. Leur détresse a ressurgi alors qu’ils avaient obtenu l’assurance, quelques jours auparavant, que le procès se déroulera très prochainement.
Le procureur général de la cour de Blida, qui recevait leurs familles, s’est engagé à le tenir au plus tard au début du mois d’août. Sur la base de cette promesse, les détenus avaient suspendu la grève de la faim qu’ils avaient observée pendant presque un mois.
La fin de l’instruction et l’examen demain du dossier par la chambre d’accusation au cours d’une audience à laquelle assisteront les avocats de la défense et le procureur, suggèrent la tenue du procès dans les délais. “Le 25 juillet est avancé comme la date la plus probable”, soutient notre avocat. D’ailleurs, selon lui, le renouvellement du mandat de dépôt obéit à cet impératif. Dans leurs plaidoiries devant la chambre d’accusation, lui et ses confrères tenteront d’obtenir deux choses : la relaxe ou la liberté provisoire pour leurs clients et la requalification des faits retenus contre eux. Forts d’un rapport d’expertise disculpant les détenus, les avocats auront pour principale mission de convaincre les magistrats que “le trou financier” d’El Khalifa Bank a eu lieu dans la caisse principale et pas dans les agences. “L’expert a établi que les chefs d’agence n’ont aucune responsabilité dans les détournements”, note l’avocat.
Des chefs d’inculpation, et non des moindres, sont retenus contre les incarcérés dont association de malfaiteurs, vol qualifié et abus de confiance. “Notre objectif est d’arracher le principe de la requalification des faits de la criminelle à la correctionnelle”, assure le défenseur.
Outre les prévenus, 125 autres personnes sont inculpées dans l’affaire de la caisse principale d’El Khalifa Bank. Un certain nombre a été mis sous contrôle judiciaire ou laissé en liberté provisoire. Mais, deux principaux protagonistes seront absents du procès. Le premier est Abdelmoumène Khalifa, patron du groupe du même nom et qui en dépit de la signature de l’accord d’extradition avec le royaume Uni, risque peu d’être livré à la justice algérienne. Le second est Mohamed Lazhar Aloui, directeur général d’El Khalifa Bank, décédé en février dernier d’une crise d’asthme au cours de son séjour à la prison d’El-Harrach.

Samia Lokmane