L’inflation s’accélère

ELLE A ATTEINT 8,1% ENTRE AOÛT 2015 ET JUILLET 2016

L’inflation s’accélère

Le Soir d’Algérie, 20 septembre 2016

Les prix à la consommation ont augmenté de 8,1% depuis août 2015. L’indice des prix à la consommation de l’ONS suggère que la chute de la valeur du dinar fait monter les prix à l’importation payés par les commerçants, mais aussi par les industriels du pays.
Lyas Hallas – Alger (Le Soir) – L’Office national des statistiques (ONS) a enregistré une hausse des prix à la consommation de 8,1% sur la période allant d’août 2015 à juillet 2016, soit près du double de ce que prévoyait le gouvernement pour 2016. Ce chiffre, qui représente une baisse du pouvoir d’achat du dinar, est le plus élevé depuis le saut inflationniste de 2012 provoqué par les augmentations salariales dans la Fonction publique décidées dans le sillage du «printemps arabe» lesquelles ont entraîné une hausse des prix de 8,9%.
En effet, l’indice des prix à la consommation de l’ONS du mois d’août, précise que le rythme annuel d’inflation (août 2015 à juillet 2016 / août 2014 à juillet 2015) se situe à +5,5% et que les prix à la consommation ont augmenté de 6,3% durant les sept premiers mois de 2016. Au rythme actuel, le taux d’inflation devrait dépasser les 10% à la fin de l’année. Les hausses des prix les plus significatives ont affecté les groupes de produits «habillement/chaussures» avec 13,39%, «transport et communication» avec 10,83%, «santé et hygiène corporelle» avec 6,82%, «logement et charges» avec 6,51% et «meubles articles d’ameublement» avec 5,25%. Même si aucun groupe de produits n’a enregistré une baisse des prix. Ceux des produits des groupes «alimentation, boissons non alcoolisées» et «éducation/culture/loisirs», ont augmenté respectivement de 3,36% et de 2,30%.
Ainsi, l’inflation accélère et contrarie le discours du gouvernement qui pense pouvoir contenir le déficit budgétaire en dévaluant la monnaie nationale. Elle fausse les calculs ayant prévalu à l’élaboration de la loi de finances pour 2016 qui tablaient sur un taux d’inflation de 4% alors rien n’indique que la tendance va se corriger avant la fin de l’année. Et, dénote de la courte vision du gouvernement. Dans un pays qui ne produit presque rien, ces chiffres suggèrent que la chute de la valeur du dinar fait monter les prix à l’importation payés aussi bien par les commerçants que par les industriels.
En tout cas, cette forte inflation due aux pertes de change du dinar qui a déprécié de plus d’un tiers de sa valeur face à l’euro et au dollar durant cette période, est nocive pour l’économie toute entière.
Les salaires n’étant pas indexés sur le taux d’inflation et outre le fait de pénaliser les ménages qui souffrent en silence de l’érosion de leur pouvoir d’achat, les répercussions dommageables ne tarderont pas à affecter les entreprises domestiques, réduire le potentiel de croissance et faire augmenter le chômage. Parce que la défaillance des prévisions du gouvernement accentue l’incertitude quant au niveau futur des prix, pousse les entreprises qui voient leur compétitivité se dégrader à cause de la hausse des coûts de production à la prudence en matière d’investissement et promet d’une hausse des importations.
Bref, le gouvernement tâtonne jusque-là et, tant que les prix du baril du pétrole continuent de patauger en dessous des 50 dollars, la pression inflationniste ne risque pas de s’atténuer. Le dinar endure justement la dégringolade des prix du baril du pétrole dont dépend l’économie dans son ensemble et faute d’un plan d’ajustement cela mène droit vers une déflagration sociale.
L. H.