Pétrole: Les prix portés par l’instabilité politique

Pétrole

Les prix portés par l’instabilité politique

El Watan, 6 juillet 2013

Les prix du pétrole ont poursuivi, hier, leur hausse suite à la publication des chiffres mensuels de l’emploi et du chômage aux Etats-Unis.

Hier à la mi-journée, le brent de la mer du Nord était à 106,93 dollars, soit 1,44 dollar de plus par rapport à la clôture de jeudi. Le pétrole brut américain était à 102,08 dollars le baril gagnant ainsi presque 1 dollar par rapport à la clôture de jeudi. La hausse des prix du pétrole, notamment sur le marché new-yorkais avec un baril du WTI à plus de 100 dollars, un niveau qu’il n’avait pas atteint depuis le mois de septembre 2012, est due à plusieurs facteurs, y compris la situation politique en Egypte où la dégradation est survenue après l’ultimatum de l’armée qui a abouti plus tard à la déposition du président islamiste Mohamed Morsi. Cette hausse a débuté d’une manière nette, mercredi dernier, avec comme principaux facteurs l’Egypte et des informations faisant état d’un net recul des stocks hebdomadaires des produits pétroliers aux Etats-Unis.

La position de l’Egypte dans le schéma du transit des hydrocarbures, surtout avec le canal de Suez, en fait un pays important pour le marché. Les chiffres hebdomadaires des stocks des produits pétroliers américains ont fait état d’un recul de 10,3 millions de barils, alors que les anticipations des analystes portaient sur un recul d’environ 2,3. Les réserves des produits distillés et les réserves d’essence ont reculé elles aussi respectivement de 2,4 millions de barils et de 1,7, alors que les analystes anticipaient sur une hausse des réserves pour les deux catégories de produits. La tendance haussière des prix du pétrole a été encore renforcée par les chiffres sur l’emploi.

Ainsi, selon le secrétariat au Travail des Etats-Unis, durant le mois de juin, l’économie américaine a créé 195 000 emplois de plus qu’elle n’en a détruits et le taux de chômage est resté stable à 7,6%. La situation en Libye est un autre élément important qui concourt actuellement à l’augmentation des prix du pétrole. D’ailleurs, jeudi dernier au lendemain de l’annonce du recul des stocks des produits pétroliers aux Etats-Unis, le vice-ministre libyen du Pétrole, Omar Chakmak, confirmait la chute d’un tiers de la production du pétrole libyen.
«Ces dernières 48 heures, la production a été de 1,16 million de barils/jour de pétrole brut en moyenne» (contre une production de 1,6 million de barils/jour en temps normal), avait indiqué le responsable libyen à une agence en soulignant que la chute de production était due à l’arrêt de l’activité sur deux sites de production suite à des mouvements de protestation. A la mi-juin, la Compagnie nationale libyenne de pétrole avait déjà fait état d’une chute de la production d’un tiers.

La production libyenne de pétrole avait retrouvé, il y a quelques mois, son niveau d’avant-guerre à 1,6 million de barils/jour. La chute annoncée en juin avait déjà renforcé les prix sur le marché. Et la situation ne semble pas se stabiliser vu l’activité des groupes armés et les tentatives d’assassinat contre les ressortissants étrangers, diplomates ou ingénieurs dans l’industrie pétrolière. D’ailleurs, les autorités auraient mis en garde contre la baisse des revenus pétroliers avec un message destiné surtout aux groupes qui perturbent la production. Deux sites de production totalisant plus de 400 000 barils/jour seraient à l’arrêt. Des menaces de grève dans le secteur pétrolier du Nigeria, premier producteur africain de pétrole, ont contribué aussi à renforcer les prix. Hier en fin d’après-midi, le brent de la mer du Nord était à 106,29 dollars le baril, alors que le pétrole brut américain était à 102.
Liès Sahar