Réunion ministérielle de l’Opep à Vienne: Vers le maintien du statu quo

Réunion ministérielle de l’Opep à Vienne

Vers le maintien du statu quo

El Watan, 3 décembre 2015

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole tiendra, demain à Vienne (Autriche), une réunion cruciale pour étudier la situation mondiale du marché pétrolier, les cours ayant chuté de 60% depuis juin 2014 en raison d’une production surabondante et de stocks à un niveau record.

La réunion abordera tous les sujets et le résultat n’est pas connu, a déclaré mardi le ministre saoudien du Pétrole. «Nous avons une réunion vendredi. Nous discuterons de toutes ces questions et ensuite nous déciderons. Nous écouterons et ensuite nous déciderons», a précisé Ali Al Nouaïmi à son arrivée à Vienne. La réunion ministérielle devrait être tendue, d’autant plus que la stratégie de l’Organisation, visant à maintenir des niveaux de production élevés suscite les inquiétudes de ses membres les plus vulnérables.

D’après la plupart des analystes, l’Opep devrait s’abstenir de baisser son quota théorique de production de 30 millions de barils par jour – un tiers de la production mondiale – fixé fin 2011, au risque d’une baisse durable des cours qui pèse sur la situation financière de ses membres. La réunion intervient dans un contexte où la production des pays hors OPEP devrait baisser en 2016 pour la première fois en près de 10 ans en raison de coupes dans les investissements.

Cela dit, le problème de l’abondance de l’offre subsiste, puisque la Russie, qui ne fait pas partie de l’Opep, et l’Irak, qui en est membre, ont augmenté leurs livraisons et l’Iran s’apprête à en faire autant après la levée attendue des sanctions internationales contre elle. Dans ce contexte, les membres les plus fragiles de l’Opep, dont les finances publiques souffrent de la chute des revenus pétroliers, craignent de voir le baril sombrer vers les 20 dollars le baril et expriment de plus en plus ouvertement des critiques à l’égard de la stratégie de l’Opep, initiée par l’Arabie Saoudite.

Les partisans traditionnels de la hausse des prix, dont l’Iran, l’Algérie et le Venezuela, ainsi que des membres plus modérés comme l’Equateur et l’Irak, ont qualifié d’exagérément optimiste la prévision du secrétariat de l’Opep d’une demande s’élevant à 1,25 million de barils par jour (bj) l’an prochain. Ces membres s’attendent plutôt à une demande d’un million de bj en 2016, soit une baisse significative par rapport au chiffre de cette année, qui devrait dépasser les 1,7 million de bj. Mais la production de l’Opep ne montre aucun signe de ralentissement.

Selon une enquête de l’agence Reuters, elle a atteint 31,77 millions de bj en novembre, contre 31,64 millions le mois précédent. Avant la réunion ministérielle, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, a écrit à la présidence de l’Opep pour réclamer le respect du plafond de production du cartel, soit 30 millions de bj, d’après l’agence de presse iranienne Mehr. A son arrivée à Vienne, le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Nouaïmi, a semblé démentir qu’il s’agisse d’une stratégie de la part de l’Opep. «Quelle stratégie ? Qui a dit que nous défendions des parts de marché ?» a-t-il demandé.

Un changement de position de l’Opep à l’occasion de la réunion de Vienne ne pourrait survenir que si les grands producteurs non membres de l’Organisation, principalement la Russie, participaient à une réduction coordonnée de la production mondiale, selon la plupart des observateurs. Or, la Russie, dont la production a atteint 10,78 millions de bj en octobre, a fait savoir lundi dernier qu’elle n’enverrait pas d’observateur à ladite réunion et ne participerait pas non plus à des consultations préalables.
Hocine Lamriben