Algérie-OMC : Le dossier énergie sur la table

Algérie-OMC

Le dossier énergie sur la table

Le Quotidien d’Oran, 5 juin 2003

C’est lors du quatrième round, dont les travaux se sont déroulés entre le 20 et le 23 mai dernier, que l’Algérie a été tenue d’inclure les questions énergétiques dans son cycle de négociations avec l’OMC. C’est donc pour la première fois que les négociateurs algériens devaient répondre à des questions sur la gestion du secteur de l’énergie.

Il est clair que les discussions à cet effet ont dû porter en premier lieu essentiellement sur les prix intérieurs que l’Algérie administre à ses produits énergétiques. Prix qui sont loin d’être au niveau de ceux appliqués de par le monde. Le ministre du Commerce a eu déjà à le souligner lors des journées qu’il a organisées en avril dernier avec l’ensemble des partenaires et en présence de spécialistes internationaux. Le ministre de l’Energie, lui aussi, a eu à signaler que l’Algérie continuait d’appliquer des prix administrés aux produits de ce secteur et qu’elle est appelée à les réviser à la hausse conformément aux règles et mécanismes de marché. C’est d’ailleurs là un argument de taille qu’il peut brandir pour convaincre ses détracteurs de la nécessité de réformer le secteur des hydrocarbures. Son projet de loi à cet effet en est une première proposition dans ce sens.

Du côté de Genève, l’on appréhende beaucoup la position de la Russie au sujet de l’aboutissement à donner au dossier énergie. En effet, actuellement en négociation pour conclure son adhésion à l’OMC, ce pays, grand producteur de pétrole, a lui aussi été tenu de mettre sur la table le dossier en question. Il est clair que le niveau d’ouverture de ce secteur dépendra étroitement des conceptions ou alors des intransigeances des Russes. C’est en principe sur la base de ce qu’arracherait la Russie à l’OMC que l’Algérie déterminera les correctifs et révisions qu’elle sera appelée à opérer au sein de son secteur.

Il faut croire que le comité des négociateurs a encore du chemin devant lui avant de conclure l’adhésion de l’Algérie à l’OMC. Pour rappel, le dossier services est à peine ouvert, sans compter les offres tarifaires qu’il faut encore consolider. Les choses peuvent cependant se décompter dès lors que les Etats-Unis et d’autres pays ont accepté de mener des négociations bilatérales avec l’Algérie. C’est aussi le cas du Canada et de la Pologne, comme déjà mentionné dans le communiqué du ministère du Commerce adressé aux rédactions avant la tenue du quatrième round.

Il est noté du côté de Genève que la Pologne, au même titre que les pays européens qui adhéreront prochainement à l’Union européenne, n’auront plus à poser des questions à l’Algérie, étant entendu qu’elle est déjà signataire d’un accord d’association avec cette entité.

Les Etats-Unis restent cependant ce pays qui n’a jamais hésité à exiger de l’Algérie des explications et précisions à propos d’un grand nombre de domaines. La question des offres tarifaires pourrait buter contre d’autres exigences que l’Algérie sera tenue de prendre en charge dans les délais qu’elle s’est elle-même impartis – à en croire le ministre du Commerce – pour pouvoir conclure son adhésion à l’OMC à la fin de l’année 2004.

Les travaux du cinquième round sont prévus en automne prochain. Ce qui signifie que l’Algérie continuera les négociations sur son adhésion après le nouveau cycle de multilatérales qui s’ouvrira en septembre prochain à Cancun, au Mexique. D’ici là, des changements notoires peuvent intervenir dans le processus OMC. Processus que les grands de ce monde veulent constamment «parfaire» en fonction de visions hégémoniques effrayantes.

Ghania Oukazi