Le ministre de l’Energie l’a annoncé hier: Sonatrach pourrait recourir à un endettement extérieur

Le ministre de l’Energie l’a annoncé hier: Sonatrach pourrait recourir à un endettement extérieur

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 1er mars 2016

Le recours à l’endettement semble être la formule à la mode depuis que l’Algérie traverse une crise économique due à la chute vertigineuse des prix du pétrole. Le dernier en date à suggérer une telle option est le ministre de l’Energie, Salah Khebri, qui a annoncé, hier, au cours du forum de la Radio nationale, la possibilité de voir Sonatrach recourir, à l’instar des majors pétroliers, à un endettement extérieur. Même si la compagnie nationale n’a aucune dette en suspens, elle pourrait également recourir à des contrats d’association sur la base de la règle des 49/51 précisant qu’ils ne représentent seulement que 4% dans le cadre des hydrocarbures.

Rappelons qu’en 2008, l’ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, avait plaidé pour que Sonatrach soit autorisée à s’endetter à l’extérieur en termes de project financing pour lui garantir une stratégie de financement «digne de ce nom», validée et «libérée». «On n’est pas à l’abri d’un déclin des prix et d’un retournement de marché», dira-t-il prémonitoire. Devant le recul des prix du pétrole, des voix se sont faites entendre, parmi elles celle de Attar, affirmant que l’Algérie devra recourir, éminemment, à l’endettement extérieur pour faire face à la crise. En septembre, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, avait déclaré que «l’Algérie n’a pas besoin de l’endettement extérieur, elle a besoin de l’argent des Algériens», d’où la décision de la capitalisation de l’argent informel dans le circuit bancaire, une opération qui n’est pas conjoncturelle «mais une démarche qui s’inscrit dans la durée», avait-il encore indiqué. Le premier à avoir évoqué cette possibilité est le ministre du Commerce, Bekhti Belaïb, qui avait annoncé que l’Algérie pourrait contracter un prêt auprès de la Chine pour le financement de certains grands projets. De son côté, le groupe public Sonelgaz devra bientôt solliciter des emprunts sur le marché international de la finance, selon son P-DG, Noureddine Bouterfa, qui a évoqué, quant à lui, une «mesure d’urgence».

Khebri abordera également, lors de ce rendez-vous, les questions de l’heure qui gravitent autour des prix du pétrole. Le ministre dira à ce propos que l’Algérie salue les tentatives pour équilibrer le marché pétrolier dont celle du gel des niveaux de la production pour trois ou quatre mois afin de faire face à la surabondance de l’offre et des réserves mondiales estimées à plus de 70 jours. L’excédent actuel de la production est de trois millions de barils par jour, précisera-t-il, avouant que le baril serait aujourd’hui à 10 dollars n’était-ce les enjeux géostratégiques. Le ministre de l’Energie rappellera aussi les vaines mises en garde de l’Algérie, alors que les prix étaient encore supérieurs à 60 dollars, si rien n’était fait pour diminuer la production. Il affirmera également le soutien de l’Algérie, lors de la réunion de l’Opep prévue en mars, à la proposition du quartet Russie, Arabie saoudite, Venezuela et le Qatar de geler les niveaux de production, dans une première étape, avant de penser à réduire la production en absence d’un consensus autour de la première initiative. L’Iran, rappelons-le, a déjà rejeté l’idée de geler son niveau de production. Commentant la visite, en Algérie, du ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, le ministre de l’Energie estime que Moscou a les clés des prix du pétrole pour peu qu’elle accepte de réduire sa production, imitée certainement par Riyad. «L’Algérie mettra à profit cette visite pour essayer de rapprocher les points de vue et œuvrer pour le rééquilibrage du marché pétrolier», dira-t-il encore.