Pétrole: Dissensions au sein de l’OPEP

Pétrole: Dissensions au sein de l’OPEP

par Ali Babès, Le Quotidien d’Oran, 29 octobre 2008

Les prix du pétrole brut ont légèrement progressé hier, sur les marchés internationaux, dans le sillage d’une petite détente des places boursières et de la baisse du billet vert.

Pour autant, les cours restent, pour les pays producteurs, encore bas par rapport à leurs niveaux qui avaient atteint la moyenne de 100-110 dollars/baril. Hier, le brut de référence de la mer du Nord, le Brent, s’échangeait en petite hausse à 62,33 dollars ( 92 cents) en milieu de journée, alors que le léger américain, le Light Sweet Crude avait clôturé à New-York à 64,52 ( 1,30) dollars/baril. Lundi, les prix du pétrole brut avaient atteint un plus bas à 59,02 dollars. Suffisant pour nourrir les inquiétudes de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). A Londres, le secrétaire général de l’organisation, Abdallah Al Badri, a clairement averti qu’il y aura une autre réduction de la production si les prix du brut continuent à chuter. «Nous allons devoir attendre et voir comment le marché réagit, mais si ce problème continue, il va falloir procéder à une nouvelle réduction», a-t-il indiqué en marge de la conférence «Oil and money». La déclaration du SG de l’OPEP illustre en fait, la position d’une grande partie des pays OPEP qui avaient estimé vendredi dernier, que la réduction de 1,5 million de barils/jour (MBJ) était minime par rapport au danger de chute des cours. Autant Caracas que Téhéran et Tripoli avaient réclamé une baisse de production de l’organisation d’au moins 2 MBJ. Finalement, les pays membres ont opté pour le 1,5 MBJ, alors que le président de l’organisation, M.Chakib Khelil, avait prévu qu’il y aura une autre réduction si les cours ne reprenaient pas de la hauteur. Cependant, certains pays membres de l’OPEP estiment qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour le moment de la tendance baissière des cours du pétrole. Et qu’une réunion d’urgence de l’OPEP n’est pas à l’ordre du jour. Selon le ministre qatari du Pétrole, Abdallah Ben hamad Al Attiyah, il n’y aura pas de réunion d’urgence de l’OPEP avant celle du 17 décembre, prévue à Oran. «Pour l’instant, il n’y a pas d’indication selon laquelle nous pourrions nous réunir avant décembre. Nous sommes à quelques semaines de la réunion de décembre», a-t-il dit, avant de préciser que «quelques semaines ne peuvent résoudre le problème». Al Attiyah, qui représente globalement la position des pays producteurs du CCG (Conseil de Coopération des pays du Golfe), a souligné en outre que «je ne pense pas que nous allons nous réunir avant décembre». Cette déclaration d’un des pays membres de l’OPEP donne en fait un nouvel éclairage sur les dissensions qui ont toujours caractérisé l’organisation dans les moments difficiles. Car comment interpréter les propos du ministre qatari du Pétrole, en poste depuis plus de dix ans, et ceux du SG de l’OPEP selon lesquels une réunion d’urgence pour revoir les prix est possible pour rééquilibrer le marché avant celle ordinaire prévue sur la côte ouest algérienne en décembre prochain. La crise financière, qui frappe de plein fouet les grandes places financières, a en quelque sorte ranimé les vieux démons du choc pétrolier, qui revient tous les dix ans, comme un cycle inexorable, inéluctable. La dernière crise du pétrole avec des prix très bas s’est passée en 1998, dix ans après la crise de 1988 et de 1978. En 2008, le même scénario se profile à l’horizon, avec une touche particulière des gros producteurs OPEP et non OPEP, qui risquent d’accentuer la crise en mettant plus qu’il n’en faut de brut sur le marché, malgré une récession qui s’annonce et des prix anormalement bas. Qui a intérêt, au sein de l’OPEP, pour que les prix chutent ?