La contrebande de carburant constitue désormais un problème sécuritaire, selon Daho Ould Kablia

La contrebande de carburant constitue désormais un problème sécuritaire, selon Daho Ould Kablia

Younès Djama, Maghreb Emergent, 14 juillet 2013

Le gouvernement algérien hausse le ton à propos du trafic de carburant. C’est à la fois un problème économique et sécuritaire, a déclaré dimanche le ministre de l’intérieur et des collectivités locales, M. Daho Ould Kablia

Le ministre de l’intérieur et des collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, a tiré dimanche la sonnette d’alarme à propos du marché algérien du carburant. Alors que la crise continue de toucher plusieurs wilayas frontalières, M. Ould kablia a déclaré, au cours d’une visite à Aïn-Defla, qu’il s’agit désormais d’un problème sécuritaire.

Selon M. Ould Kablia, dont les propos sont rapportés par l’APS, 25% de la production nationale de carburant « est gaspillée et exportée illégalement » aux frontières. La wilaya de Tlemcen consomme plus de carburant qu’Alger », a-t-il dit à titre d’indication. Pour lutter contre ce phénomène, le gouvernement a tenu récemment une réunion interministérielle, a indiqué M. Ould Kablia. Le ministre de l’Intérieur a précisé des mesures ont été arrêtées que lors de cette réunion, dont certaines, à caractère sécuritaire, pour contrecarrer les contrebandiers. Ce trafic de carburant « est désormais un problème tant sécuritaire qu’économique», a déclaré M. Ould Kablia. Entre autres mesures importantes prises, figurent la saisie de tous les moyens de contrebande du carburant, des biens des contrebandiers et d’autres mesures au niveau des stations NAFTAL.

Depuis plusieurs semaines, une grosse tension sur les carburants est enregistrée aux frontières est et ouest du pays, alors que la contrebande autour de ces produits prospère. Devant les stations d’essence, les files des automobilistes attendant de faire le plein s’étendent sur plusieurs centaines de mètres. De l’autre côté des frontières algéro-marocaines, les stations d’essence ferment les unes après les autres, à cause des prix pratiqués par les contrebandiers, de loin inférieurs aux prix en vigueur dans les stations.

Les prix au centre du problème

Abdeltif Rebah, ancien cadre du secteur de l’énergie, expliquait récemment à Maghreb Emergent que l’ampleur prise par l’activité des hallaba (nom donné aux contrebandiers) dans la zone frontalière Ouest du pays « met directement en cause l’efficacité des dispositifs et des organes de contrôle ». Pour lui, « on n’est pas face à une marchandise comme les autres, mais devant un produit stratégique essentiel pour la population et pour l’économie ». « En arrière-plan, ajoute-t-il, se profile la question des prix des carburants, en particulier du gasoil, qui sont très attractifs pour les barons de l’accumulation des rentes spéculatives ».

Récemment, le PDG de Naftal Saïd Akrètche, a expliqué la très forte demande ces derniers jours, particulièrement dans l’ouest du pays, par l’effet combiné de la fin de la période scolaire, synonyme de début des grandes vacances, le début de la saison estivale, et l’approche du ramadan, ainsi que la forte affluence des agriculteurs qui seraient en période de moissons.

Selon ce responsable, la compagnie « a déployé tous les moyens matériels et humains nécessaires pour répondre à la forte demande, en augmentant ses approvisionnements de plus de 20% d’une manières générale, et de plus de 100% au niveau des stations-service les plus sollicitées ».