Exportations des hydrocarbures: Chute de 45,47% des recettes

Exportations des hydrocarbures

Chute de 45,47% des recettes

El Watan, 24 juin 2015

De janvier à mai 2015, les exportations des hydrocarbures ont totalisé à peine 14,91 milliards de dollars, contre 27,35 milliards de dollars à la même période de 2014.

Les recettes de l’Algérie liées aux exportations d’hydrocarbures ont baissé de 45,47% durant les cinq premiers mois de l’année en cours. De janvier à mai 2015, les exportations des hydrocarbures ont totalisé à peine 14,91 milliards de dollars, contre 27,35 milliards de dollars à la même période de 2014 (-45,47%).

L’horloge des déficits égrène ainsi les dernières heures de l’embellie financière du pays que l’on ne cessait de chanter ces dernières années sur tous les toits. Le scénario ressemble à celui de 2008. Au lendemain d’une crise des subprimes qui a fait frissonner les plus puissants de la planète, l’Algérie s’est réveillée de sa longue léthargie, ouvrant les yeux sur une chute de 50% de ses revenus sur l’année 2009. L’incertitude persistante sur les marchés pétroliers se révèle plus longue que prévu et met à rude épreuve les comptes épargne du pays.

De la mi-juin 2014 à janvier 2015, les cours du brut ont perdu près de 60% de leur valeur. Les prix sont, cependant, remontés péniblement la pente, mais demeurent très vulnérables à l’excédent de l’offre sur le marché. Cette légère remontée des cours de ces derniers mois n’a pas réussi pour autant à enrayer l’aggravation des déficits du pays. La balance commerciale de l’Algérie a enregistré un déficit de 6,38 milliards de dollars durant les cinq premiers mois de l’année 2015, contre un excédent de près de 3,44 milliards de dollars à la même période de 2014.

Ainsi, en un laps de temps d’à peine une année, les comptes qui étaient dans le vert passent désormais au rouge. Les experts du FMI qui séjournent à Alger au titre de l’article 4 des statuts du Fonds ont averti qu’il va falloir s’habituer à une volatilité de longue durée des marchés pétroliers, disqualifiant l’inaction du gouvernement face à la crise. L’Exécutif a en revanche tenté d’apporter une réponse à la crise en jouant sur deux cordes : réduire les importations et rehausser la contribution de la fiscalité ordinaire au budget de l’Etat.

Les comptes dérapent

Une stratégie qui ne se révèle pas encore payante, puisque les importations continuent à être pesantes, se chiffrant à 22,33 milliards de dollars à fin mai 2014, contre 24,87 milliards de dollars durant la même période de l’année écoulée. Une simple opération arithmétique fait ressortir un taux de couverture des importations par les exportations de 71% durant les cinq premiers mois de 2015, contre 114% à la même période de l’année écoulée. Pendant que les déficits se creusent chaque mois davantage, le gouvernement s’ingénie à chercher des sous dans les poches des ménages, repoussant à plus tard les réformes structurelles et la prudence budgétaire réclamée par le FMI et son institution jumelle, la Banque mondiale.

Le sursaut politique espéré n’a pas encore dégagé la voie. Faute d’un revirement, les comptes ont dérapé encore en mai dernier et le déficit de la balance commercial s’est encore aggravé. Sur le mois de mai, le déficit commercial s’est chiffré à 1,28 milliard de dollars, contre un excédent de 64 millions de dollars durant le même mois en 2014. Durant le mois de mai dernier, l’Algérie n’a pu exporté que pour 3,25 milliards de dollars, contre 5,6 milliards de dollars au même mois de 2014, marquant ainsi une baisse de 42,05% des revenus.

Les exportations des hydrocarbures ont été estimées à seulement 2,94 milliards de dollars en mai 2015, contre 5,44 milliards de dollars le même mois en 2014 (-45,85%). Les importations, elles, ont totalisé 4,53 milliards de dollars contre 5,54 milliards de dollars en mai 2014.

Après 15 ans de pétrole cher, l’Algérie en est là. Le pays renoue avec les déficits. Outre le déficit de la balance commerciale, le pays a enregistré, dès le second semestre 2014, une détérioration des soldes des comptes courants de sa balance des paiements ainsi qu’une contraction de ses marges de manœuvre budgétaires. Le prix d’équilibre budgétaire de l’Algérie repose désormais sur un baril de pétrole à 111 dollars.

Ali Titouche