Sonatrach veut acheter 120 000 t d’essence

Sonatrach veut acheter 120 000 t d’essence

L’importation de carburants risque d’être perturbée

El Watan, 8 octobre 2012

Les nouvelles commandes de Sonatrach pourraient être différées en raison de la récente vague de fermetures des raffineries en Europe et aux USA.

Le programme d’importation de carburants risque d’être perturbé en raison des tensions actuelles sur le marché européen de l’essence. Selon l’agence américaine Platts, les nouvelles commandes de Sonatrach pourraient être différées en raison de la récente vague de fermetures des raffineries en Europe et sur la côte Est des Etats-Unis. Fermetures motivées par la période annuelle de maintenance des principales raffineries ; période coïncidant avec la fin de l’été au cours de laquelle la consommation de carburant ralentit et avant la relance de la demande de mazout de chauffage durant la saison hivernale.

Selon les traders interrogés par Platts, Sonatrach a publié mercredi dernier un appel d’offres pour l’achat de 120 000 tonnes d’essence à livrer via quatre cargaisons entre le 13 et le 20 octobre au niveau des terminaux de Skikda et d’Arzew. Néanmoins et en raison du resserrement actuel de l’offre sur le marché, certains négociants estiment que Sonatrach espère des soumissions dès le 9 octobre 2012 ; il n’y aurait pas, pour l’heure, de cargaisons pour livraison rapide. Les mêmes sources précisent que dans ces conditions, «Sonatrach est prête à examiner les livraisons différées».

Des traders vont même jusqu’à considérer que s’il n’y a pas, pour l’heure, d’offre susceptible de couvrir rapidement la demande de Sonatrach, celle-ci n’hésite pas «à négocier des prix élevés afin d’attirer d’éventuels fournisseurs», même si l’on considère que le nouvel appel d’offres a déjà pesé sur le marché de l’essence en Europe. D’ailleurs, selon l’un des négociants interrogés par Platts, «il est inhabituel pour le raffineur algérien de chercher des volumes élevés d’essence pour des délais aussi courts». Des propos à modérer si l’on considère que la consommation globale des Algériens en matière de carburants est de 12 millions de tonnes.

Il est vrai qu’en raison du programme de maintenance de ses propres raffineries, la compagnie nationale des hydrocarbures a lancé un vaste programme d’importation de plus de 2 millions de tonnes de carburants afin de se prémunir contre toute éventuelle pénurie d’essence ou de gasoil. Le PDG de Sonatrach, Abdelhmaid Zerguine, avait aussi déclaré récemment que l’Algérie poursuivra l’importation de produits énergétiques en attendant la réhabilitation des principales raffineries et l’entrée en production des futurs projets. Cependant, l’empressement de Sonatrach à trouver de nouvelles cargaisons laisse dubitatif quant aux raisons qui la pousseraient à négocier à un niveau de prix élevé. Serait-ce seulement lié aux impératifs de respect d’un plan d’approvisionnement préalablement établi, ou l’entreprise craint-elle de futures tensions sur le marché ? En tout état de cause, Sonatrach ne semble pas disposée à donner plus de précisions sur le niveau des stocks disponibles ni sur l’évolution des approvisionnements.
Melissa Roumadi