Le FMI suggère la privatisation des banques en Algérie

Le FMI suggère la privatisation des banques en Algérie

Liberté, 25 mai 2004

Le Fonds Monétaire International (FMI), dans un rapport sur la situation du secteur financier et bancaire et la supervision des banques, suggère à l’Algérie de privatiser deux banques publiques les plus saines.
Le Fonds monétaire international reconnaît que l’Algérie s’est “courageusement” engagée dans le processus de modernisation de son système financier, “en dépit des différends sociaux et défis posés par le secteur des hydrocarbures et un secteur public inefficace”.

Cependant, lit-on dans le document, “le crédit bancaire aux entités publiques domine toujours l’intermédiation, les marchés financiers demeurent embryonnaires et l’exécution des réformes de normalisation autrement plus louables traîne”. Le système bancaire algérien est composé actuellement de 28 établissements, dont 21 banques et 7 institutions financières (il y a également une banque de développement et une banque offshore), note le rapport. Le nombre d’établissements bancaires a commencé à se développer à partir de 1999, précise le FMI. 15 banques privées ont été créées. Cependant, le secteur public demeure prédominant. Le FMI constate, par ailleurs, que les banques publiques continuent à occuper une large proportion de l’activité du secteur bancaire dans sa globalité. Elles représentent 86,5% du bilan global du secteur bancaire, 91% des prêts à long terme et 84% des dépôts bancaires. Le secteur public continue à recevoir la majorité des prêts à long terme (environ 60%). “Les banques portent toujours un volume significatif de portefeuilles de prêts non performants”, souligne le rapport. Le FMI trouve le rythme des privatisations lent. Du coup, il propose un délai de cinq ans “aux banques restantes pour se préparer à la privatisation”. En attendant, le Fonds monétaire international recommande de durcir le contrôle et de financer entièrement les entreprises publiques et les programmes non viables par le recours aux ressources budgétaires, en accélérant la privatisation des entreprises publiques. Selon le FMI, le coût budgétaire pour la restructuration des banques, durant ces dernières années, a été considérable à travers une recapitalisation qui a coûté plus de 74,4 milliards de dinars et un assainissement des entreprises qui avoisine les 672,1 milliards de dinars à fin 2002. Au-delà de la privatisation des banques publiques, le FMI évoque la nécessité d’améliorer l’environnement des opérations bancaires pour réduire des coûts d’intermédiation. Évaluant le secteur bancaire privé algérien, le Fonds estime que son “développement est encore modeste et, en raison de sa taille, souffre de points faibles”, en soulignant, à titre d’exemple, que la “plupart de ces banques sont des affaires familiales dont les opérations et la comptabilité manquent souvent de transparence”.

Le rapport du FMI note que l’ordonnance relative à la monnaie et le crédit d’octobre 2003 contient quelques améliorations. Mais, précise le document, “d’autres dispositions pourraient miner l’autonomie financière et opérationnelle de la Banque centrale”. L’ordonnance, dit-on, vise une meilleure coordination entre le ministère des Finances et la Banque d’Algérie, en même temps, souligne le document, elle pourrait provoquer l’interférence du ministère des Finances dans la gestion, de jour en jour, de la Banque d’Algérie. L’ordonnance pourrait également “miner” l’autonomie financière de la Banque d’Algérie, en introduisant le principe selon lequel le Trésor peut obtenir une avance “exceptionnelle” de la BA pour des opérations de gestion de la dette extérieure. Le FMI estime que la Banque d’Algérie devrait revoir “son processus et annoncer des décisions de politique monétaire avec un plus de détails”. L’information transmise au marché est, en fait, souvent insuffisante, juge le FMI. Des pratiques, en matière de consultation avec la communauté financière, pourraient être améliorées avec l’introduction de préconsultations systématiques avec l’industrie, pour expliquer des décisions de politique monétaire et pour s’assurer qu’elles sont faisables. “De telles pratiques devraient mener à une meilleure compréhension et faciliter l’exécution des décisions de la BA”, lit-on dans le document.

Concernant justement la dette extérieure, elle s’est élevée à 22,6 milliards de dollars en 2003. Le rapport souligne que le remboursement par anticipation de 2,7 milliards de dollars pourrait se réaliser sans longues négociations ni pénalités. Le FMI propose l’usage des réserves de change pour le paiement anticipé. Ce qui réduirait le ratio dettes par rapport aux importations. “La baisse induite de la dette extérieure et du service de la dette pourrait améliorer, en contrepartie, les perspectives pour une meilleure cotation de la dette souveraine”, affirme le FMI.

En un mot son rating avant l’accès de l’Algérie au marché des capitaux. Le Fonds monétaire international soutient que l’Algérie n’a pas encore accompli sa transition à une économie de marché lancée vers la fin de la croissance des années 1980 et les équilibres internes et externes dépendent fortement du secteur d’hydrocarbures.