Desertec en quête de partenaires dans la région Mena

Alors que l’Algérie émet des réserves

Desertec en quête de partenaires dans la région Mena

El Watan, 5 septembre 2010

Le projet Desertec cherche des partenaires. L’un des membres de ce projet, l’Allemand Solar Millennium, courtise actuellement les investisseurs potentiels du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord
(Mena).

«Nous sommes en discussions intensives avec les entreprises dans la région MENA, nous essayons de gagner le plus d’actionnaires nouveaux», a récemment déclaré M. Van Son à l’agence britannique Reuters, sans pour autant nommer aucun des candidats. Elles sont cinq entreprises du Maroc, de Tunisie, d’Espagne, de France et d’Italie à avoir accepté de se joindre au consortium, composé de 12 entreprises, dont Munich Re, Deutsche Bank, RWE, E. ON, HSH Nordbank et Siemens d’Allemagne, la suisse ABB, l’italien Enel, Electrica Espagne rouge et le groupe français Saint-Gobain, a rappelé M. Van Son, le directeur du groupe.

Contrairement aux autres pays, l’Algérie n’est aucunement emballée par le projet allemand. Youcef Yousfi, actuel ministre de l’Energie et des Mines, estimait en juin dernier : «L’Algérie étudie l’offre germanique, non sans dire que notre pays compte donner naissance à un projet plus important que celui de Desertec. Les réserves de l’Algérie sur le projet européen concernent la souveraineté sur ses installations, de propriété étrangère, qui seront implantées sur le territoire algérien ainsi que la durée de réalisation du projet qui est jugée longue.» Par contre, Issad Rebrab, le seul homme d’affaires algérien qui a émis le souhait de participer à ce projet, ne cesse de rassurer le gouvernement algérien sur la viabilité dudit projet.

«Je m’en tiens encore aux conditions de sa faisabilité, car je suis convaincu que, d’une part, l’Algérie y gagnera beaucoup, et que d’autre part, l’avenir est aux énergies renouvelables. Le projet a besoin d’un grand espace et l’Algérie a un immense désert. 3% de la surface du Sahara peuvent couvrir 100% des besoins de l’Europe et de l’Afrique du Nord en énergie électrique», avait-t-il affirmé sur les colonnes d’El Watan le 25 août dernier. Membres de l’Opep, l’Algérie et la Libye investissent moins dans l’énergie renouvelable C’est le constat dressé par des experts de la Banque mondiale. Avec ses 3500 heures d’ensoleillement par an, l’Algérie est un des pays les plus riches en potentiel énergétique renouvelable au monde. Sauf que le taux d’intégration des énergies renouvelables ne dépasse les 5%.

L’Allemagne doute

Par ailleurs, le patron Solar Millennium s’est montré inquiet par la baisse du soutien du gouvernement allemand pour le projet. «Nous avons été surpris, qu’après que le projet ait reçu un soutien fort au début, il n’était même pas mentionné dans le projet de l’Allemagne de l’énergie concept», a-t-il estimé à Dow Jones. M. Van Son a précisé que les partenaires Desertec ont besoin de subventions, éventuellement par le biais des tarifs de rachat, de garantir les prix de l’électricité qui couvrent la production et les coûts de transmission. C’est pourquoi d’ailleurs, il s’est mis à la recherche de partenaires dans la région Mena. Dès son annonce, le méga-projet Desertec a suscité moult critiques qui portaient sur la cherté du coût et les risques de sabotage dans les régions politiquement instables d’Afrique du Nord. Il est également reproché aux initiateurs du projet la difficulté de garantir que l’électricité exportée vers l’Europe soit véritablement une source d’énergie solaire et non pas du charbon, du pétrole et des centrales électriques au gaz en cours de construction dans les pays MENA. Qu’à cela ne tienne ! En mars dernier, la société américaine First Solar a rejoint Desertec, en devenant ainsi le premier membre de l’extérieur de l’Europe.

Pour tester la faisabilité d’un projet de grande envergure, Desertec a annoncé, en juillet, son plan pour la petite installation solaire au Maroc. Le projet pilote prévu dans ce pays n’a pas encore attiré d’investisseurs, regrette M. Van Son. «Nous sommes dans les tout premiers stades, le stade d’écriture de lettres», a-t-il soutenu à l’agence de presse économique, Bloomberg. A noter que le projet vise l’approvisionnement de l’Europe entière en énergie solaire, à partir de 2050, avec un coût global de 400 milliards d’euros.

Hocine Lamriben