Déficit budgétaire des pays exportateurs des hydrocarbures: L’Algérie au troisième rang

Déficit budgétaire des pays exportateurs des hydrocarbures

L’Algérie au troisième rang

El Watan, 4 février 2016

L’Algérie risque de connaître en 2016 le troisième plus gros déficit budgétaire comparativement aux autres pays exportateurs de pétrole, après ceux prévus en Irak et en Arabie Saoudite.

Les prévisions alarmantes émises il y a quelques semaines par le Fonds monétaire international (FMI) sont corroborées par d’autres analyses rapportées hier par l’agence Bloomberg. Celle-ci souligne que la dégringolade des cours du pétrole ayant déjà affaibli les économies de tous les pays producteurs sera à l’origine d’énormes déficits malgré les mesures d’austérité, les appels au secours aux institutions financières ou encore les privatisations partielles annoncées par les principaux pays producteurs durement touchés par la crise au bout d’une année de chute sans trêve pour leurs économies fragilisées.

Ainsi, l’Algérie qui a d’abord eu recours, selon l’analyse rapportée par l’agence Bloomberg, à ses «réserves pour compenser la baisse des revenus du pétrole, vise une réduction de son budget de près de 10% d’ici la fin de 2016». Elle rappelle en outre que «le Parlement a approuvé un budget qui englobe des augmentations des prix de l’essence, du gasoil, du gaz, de l’eau et de l’électricité, et des taxes sur certains produits», tout en soulignant que selon les «perspectives 2016 du FMI», l’institution internationale prévoit 3,9% de croissance en 2016 et un déficit budgétaire équivalent à 11,4% du PIB, contre un déficit 13,9% en 2015.

L’Algérie talonne ainsi l’Irak et l’Arabie Saoudite dont les déficits budgétaires sont estimés respectivement à 17,7% et 14,3% du PIB.
Il faut savoir qu’un rapport du FMI publié en décembre 2015 notait que certains pays tels l’Irak, l’Iran, Oman, l’Algérie, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, la Libye et le Yémen subiront un déficit budgétaire chronique dû à la chute des prix de l’or noir.

Le FMI avait même considéré que si ces pays «ne cherchent pas à diversifier leurs économies ou à emprunter de l’argent sur les marchés internationaux, ils seront à court de liquidités au plus tard dans 5 ans». Il est à rappeler que la chute du prix du baril, qui se situe autour de 30 dollars le baril, a provoqué la fonte des importantes réserves de change accumulées par les pays producteurs. Même l’Arabie Saoudite n’échappe pas à la règle quoique ses moyens lui permettent de tenir plus longtemps face à la crise.

Contrainte d’appliquer des mesures d’austérité comme d’autres pays du Golfe, ses réserves ont baissé à 611,9 milliards de dollars à la fin 2015, leur plus bas niveau depuis 2011, après des retraits massifs pour combler le déficit budgétaire. Pour certains analystes les marges de manœuvre des gouvernements des pays exportateurs de pétrole, «sont très faibles» en attendant un éventuel rebond des cours du pétrole qui pourraient augmenter de 50% d’ici la fin de l’année 2016, selon certaines estimations.
Zhor Hadjam