Selon le président de la CAP: La maffia politico-financière bloque l’économie nationale

Selon le président de la CAP: La maffia politico-financière bloque l’économie nationale

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 6 juin 2017

Mahjoub Bedda, le nouveau ministre de l’Industrie et des Mines se veut être à l’écoute des préoccupations du patronat et des chefs d’entreprises, a indiqué hier lundi le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP) Boualem M’rakach, selon lequel la maffia politico-financière bloque l’économie nationale.

«Le ministre (de l’Industrie) a entamé un cycle de consultations avec le patronat», a-t-il dit à la radio nationale. «Nous avons rencontré le ministre, nous avons échangé des points de vue très larges, très positifs, francs et directs». M. M’rakach a indiqué que les sujets abordés avec la CAP sont «ceux de l’heure, la situation de crise. L’Algérie connaît une situation de crise difficile, on a discuté de manière sereine et on est arrivé à une conclusion pour laisser entrevoir des solutions adéquates aux problèmes d’aujourd’hui», a souligné M. M’rakech. Car pour lui, le règlement des problèmes, des entreprises comme ceux de l’industrie, «est posé. C’est un défi à l’Algérie pour surmonter les problèmes actuels, avec une confiance qui doit s’installer, et là, c’est une solution pour régler les problèmes». Le président de la CAP estime que «personne ne doit être neutre dans une situation pareille». Sur le plan d’action du nouveau gouvernement, il a indiqué qu’il devrait être présenté au Parlement le 18 juin prochain. Sur le contenu de ce plan d’action, le président de la CAP estime que «nous n’avons pas besoin d’identifier où le bât blesse. Il y a lieu de protéger la situation aujourd’hui de l’Algérie compte tenu du contexte très difficile. La première des choses est de rappeler les gens capables, accentuer les choses sur la compétence, la médiocrité a pris la place sur les compétences, et tout cela doit se faire en harmonie avec les concernés », c’est-à-dire le patronat et les chefs d’entreprises. Car selon le président de la CAP, il y a manque de décisions pour la relance réelle de l’économie algérienne. Il en veut pour preuve que les décisions de toutes les tripartites, dont la dernière qui a été tenue à Annaba, n’aboutissent pas. «A la dernière tripartite, la CAP a tenu le même langage, c’est-à-dire expliquer les choses qui manquent et constater par tout un chacun: comme régler les problèmes de banques des entreprises, de lutter contre la bureaucratie, le paiement des entreprises. Tous les problèmes ont été soumis à ces tripartites», a-t-il rappelé, estimant que maintenant, «il faut engager le dialogue et agir vite pour dépasser et gérer la crise. Dans les tripartites, on discute, mais ce qu’on décide ne se concrétise pas, on ne sait plus où ça bloque. Nous discutons réellement des problèmes, mais sur le terrain il y a des difficultés importantes pour concrétiser les décisions», relève-t-il. Un comité de règlement des problèmes et de suivi a été mis en place par la dernière tripartite, a-t-il dit, et en parallèle, il y a un nouveau modèle de croissance économique : le problème est de savoir quels sont les moyens à mettre en œuvre pour l’appliquer ? «Qui est à l’origine de ces blocages ?» Pour lui, «c’est aux pouvoirs publics de faire une enquête pour savoir où se situent ces blocages et qui sont leurs auteurs». En fait, M. M’rakech estime qu’il y a dans le système économique algérien une «maffia politico-financière» qui bloque tout le processus des décisions allant dans le sens d’une réelle avancée économique du pays. «Aujourd’hui, a-t-il expliqué, il faut mettre tout à plat, comme les difficultés lorsqu’on veut protéger la production nationale». A chaque fois qu’il y a des «décisions pour faire valoriser la production nationale, il y a des retombées négatives. Il y a la maffia politico-financière, qui arrive chaque fois qu’il y a des avancées pour qu’il y ait un recul tout de suite après».

Par ailleurs, le président de la CAP a rappelé qu’au sein de son organisation, «nous ne sommes pas pour l’ultralibéralisme, mais pour un juste équilibre de l’économie, et si l’entreprise a un problème, c’est toute l’Algérie qui a un problème. Nous sommes pour la protection du pouvoir d’achat, mais il faut mieux gérer les subventions et mieux consommer pour éviter les gaspillages, dont ceux de l’énergie». M. M’rakech a souligné d’autre part qu’il souhaite que «le plan d’action (du gouvernement) qui va être présenté au Parlement tienne compte de ce problème, celui du pouvoir d’achat et de la protection de l’entreprise». Aujourd’hui, «les entreprises sont en grandes difficultés, il y a des dysfonctionnements, et il faut arrêter cette sorte de marchandage et mettre en place une action visible et l’appliquer», a-t-il lancé au gouvernement, qui peine à payer les entreprises du BTP, qui détiennent des créances de plus de 190 milliards de DA. «Notre pays peut dépasser la situation d’aujourd’hui. On doit maîtriser la situation, mais pas passer d’un extrême à un autre en matière d’importations», a-t-il préconisé.