Violence à l’égard des enfants : « Allo 30 33 », enfants en détresse !

Violence à l’égard des enfants : « Allo 30 33 », enfants en détresse !

El Watan, 7 décembre 2008

4000 appels reçus au numéro vert « 30 33 » depuis son lancement . 220 dossiers traités par le réseau NADA en six mois.

La violence à l’égard des enfants est devenue monnaie courante dans notre société. Le nombre d’enfants souffrant de maltraitances physiques ou morales ou des problèmes socio-psychologiques suscite l’inquiétude. La preuve ? En six mois seulement depuis le lancement au mois de mai 2008 du numéro vert « 30 33 » du programme « Je t’écoute », 4000 appels téléphoniques, pour dénoncer des actes de violence contre des enfants, ont été reçus par la cellule d’écoute du réseau algérien pour la protection et la promotion des droits des enfants (NADA), initiateur du projet. La plupart de ces appels, reçus au mois de mai, représentent 1100 cas, soit un taux de 36,66% du nombre total des appels. Au cours de cette période, il a été enregistré 1920 cas juridiques (divorce, garde d’enfants, viols, attouchements sexuels, etc.), 1650 cas psychologiques dus, notamment, aux différentes sortes de violences (inceste et disputes conjugales) et 430 appels divers dont des demandes d’informations sur la mission du numéro vert.

Cependant, selon le rapport d’activité présenté hier au théâtre Aïssa Messaoudi à Alger, seuls 220 dossiers ont pu être traités au niveau du comité consultatif du réseau, dont 150 dossiers de cas d’ordre psychologique, 30 d’ordre juridique et 40 divers. Ces chiffres sont par ailleurs loin de refléter la réalité sur le nombre d’enfants victimes de violence en algérie. Il y a quelques jours, SOS-Kinderdorf International, une ONG autrichienne qui opère en Algérie depuis le début des années 1990, s’est dit inquiète des violences sexuelles subies par les enfants en Algérie. Hier lors de son intervention, le président de NADA, Abderrahmane Arar, reconnaît que « la gestion d’une détresse n’est pas chose facile, notamment quand il s’agit de celle d’un enfant ». C’est ainsi qu’il a plaidé pour une accélération de l’adoption du code national de la protection de l’enfance, de la stratégie nationale de lutte contre la violence et de l’installation d’un mécanisme national de surveillance, de suivi et d’évaluation des données sur l’enfance. L’orateur a également recommandé une amélioration de la qualité de vie des enfants dans les centres d’accueil et centres spécialisés. M. Arar a annoncé à cette occasion la prochaine ouverture d’un centre d’animation pour la promotion du droit de l’enfant qui présentera des programmes ludiques et éducatifs en même temps au niveau des établissements scolaires et centres de formation professionnelle.

Pour ce qui est des conclusions tirées de cette première expérience, les initiateurs du projet estiment que celui-ci « a eu une bonne incidence sur les populations bénéficiaires, l’ensemble des partenaires ont adhéré au principe du projet et ont démontré une disponibilité active à la prise en charge des cas ». Ils ont souligné toutefois que « des efforts doivent être encore entrepris en ce qui concerne les réponses des points focaux, afin de diminuer les délais de prise en charge des cas transmis ». Ce programme verra au cours des années 2009 et 2010 une extension vers d’autres wilayas du pays. Il y a lieu de préciser que ce numéro vert « 30 33 » a été lancé pour une durée de trois années, dont la première de mise en service concerne comme zone pilote la wilaya d’Alger. Le programme « Je t’écoute » vise, selon ses initiateurs la création, à l’avenir, d’un centre national pour la promotion des droits de l’enfant.

Par Rabah Beldjenna