Psychotropes : le mal progresse

Alors que les saisies de cannabis diminuent

Psychotropes : le mal progresse

El Watan, 4 mars 2018

Rendu public, hier par l’APS, le dernier rapport de l’ONLCDT (Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie) constate chiffre à l’appui une sensible baisse des quantités de drogue saisies par les services de sécurité.

En effet, une baisse de plus de 60% des saisies en trois années.

Un exploit, diront les moins avertis, mais les spécialistes craignent que cette baisse cache, en fait, de nouvelles méthodes des réseaux de trafiquants, pour contourner le dispositif de lutte instauré par les forces de sécurité (douane, police et gendarmerie), notamment à l’ouest du pays, d’où sont convoyés plus de 70% des quantités saisies et au Sud, qui constitue 17% du trafic.

Ainsi, selon l’Office, le volume de résine de cannabis récupéré a chuté de plus de 51 %, par rapport en 2016, et de prés de 60 % par rapport à 2015, laquelle année a connu une baisse de 30 % par rapport à 2014.

Par contre les drogues dures ont connu une forte proportion à la baisse, soit 68,5 % par rapport à 2016, alors que la saisie des psychotropes connait une hausse inquiétante de 46 % par rapport à 2016 et concernent une large gamme de comprimés Temesta, Rivotril, Diazepam, l’Artane, Roxil, aussi dangereux les uns que les autres, auxquels est venue se greffer un autre produit plus destructeur pour la santé, le Subutex qui cause une dégradation irréversible de la santé physique et mentale.

En outre, le rapport de l’office fait état d’un nombre de plus en plus important des personnes impliquées dans les affaires de drogue, passé de 23 000 en 2015 à 37 000 en 2016, pour atteindre 42 400 en 2017.

La plus grande proportion des 42 400 arrêtés en 2017 (dont 274 étrangers et 642 en état de fuite), soit 22 929 individus sont des consommateurs de cannabis, et 8 622 sont des trafiquants. Ils sont également 5625 usagers de psychotropes et 4.903 de vendeurs de comprimés.

Cette tendance est inversée en matière de drogue dure, puisque le nombre des trafiquants est de 219 alors que celui des consommateurs est arrêté à 91. Pour ce qui est des affaires traitées en matière de drogue, le bilan de l’Office fait état de 32.952 affaires en 2017, contre 30.113 en 2016, année où il a recensé 37 616 individus impliqués, soit plus de 44 % par rapport à celui de 2015.

Durant cette année (2015), il est fait état de 7.392 dealers pour 22.352 usagers de résine de cannabis, de 3.898 trafiquants de psychotropes et de 3700 consommateurs de comprimés.

Ces chiffres sont inversés lorsqu’il s’agit de drogue dure puisque le nombre de trafiquants est plus importants, 185, que celui des consommateurs, 55 consommateurs. Ces statistiques montrent que le trafic de drogue est entrain connait une très grande évolution. Non seulement, il touche une plus large catégorie de jeunes, dont l’âge est de plus en plus bas, il fait apparaitre un intérêt grandissant pour les psychotropes. Cela ne veut pas dire que le cannabis perd du terrain avec la baisse des quantités de saisie.

Bien au contraire, il est à craindre que les narcotrafiquants aient trouvé d’autres moyens pour sécuriser leurs convois du Maroc, présenté par l’Office onusien de lutte contre la drogue, comme premier producteur mondiale de cette drogue, vers l’Algérie. Les statistiques relatives à la prise en charge des toxicomanes sont loin de refléter la réalité des dégâts occasionnés sur les jeunes.

En 2017, ils étaient plus de 17 567 toxicomanes à avoir bénéficié d’une thérapie, dont 525 ont moins de 15 ans d’âge, alors qu’en 2016, ils étaient plus de 19 000 dont plus de 600 adolescents…
17 567 toxicomanes ont reçu des soins dont 525 adolescents

Au sujet de la prise en charge des consommateurs de drogue, le rapport de l’Office pour l’année 2017, avance un nombre de 17.567 toxicomanes ayant bénéficié d`une prise en charge médicale et thérapeutique, dont 36, 18 %, soit 6.355 ont un âge compris entre 26 et 35 ans.

La tranche d’âge comprise entre 16 et 25 ans, représente 6203 toxicomanes traités alors que les moins de 15 ans, représentent 525 cas. Le rapport explique que la prise en charge des toxicomanes, pour soins et désintoxication, a concerné 16.218 bénéficiaires de consultations externes, 1.177 autres bénéficiaires d`hospitalisation volontaire et enfin 172 toxicomanes ont fait l`objet d`injonction thérapeutique.

Sur le total des toxicomanes traités, le rapport fait ressortir 1.782 femmes soit 10,14%, et 15.785 hommes, soit 89,86%, et a révélé que sur le total des toxicomanes traités, 8.067 sont des travailleurs ce qui représente, 45,92%, et 7.700 autres sont sans emploi, soit 43,83%, alors que 1.800 sont des étudiants soit 10,25%.

Pour les neuf premiers mois de 2016, l’Office a fait état de 21 507 toxicomanes, dont plus de 39 % sont âgés entre 16 et 25 ans, ayant bénéficié d`une prise en charge médicale et thérapeutique. Selon ce bilan, 8 212 personnes sont âgées entre 26 et 35 ans alors que 4 189 toxicomanes ont plus de 35 ans et 617 autres ont moins de 15 ans.

La prise en charge des toxicomanes pour soins et désintoxication a concerné 19 720 bénéficiaires de consultations externes, 1 726 autres bénéficiaires d’hospitalisation volontaire et enfin 61 toxicomanes ont fait l`objet d`injonction thérapeutique.

Le rapport précise que 15 789 personnes (73,41% du total) sont célibataires et 4 987 personnes (23,19%) sont mariées. Sur le total des toxicomanes traités, 2 128 sont des femmes et 19 379 des hommes.

Concernant la situation professionnelle, l’Office a révélé que plus de 55,82% sont sans emploi, 35,16% sont des travailleurs et que seulement 9,02% des toxicomanes bénéficiaires d’une prise en charge médicale et thérapeutique durant cette même période de référence sont des étudiants.

Salima Tlemçani