Retour sur la panne d’électricité du 3 février 2003

Ansaldo répond à Sonelgaz

Le oui, mais du responsable

El Watan, 25 février 2003

Nous ne démentirons pas le P-DG de Sonelgaz. Nous voulons apporter des précisions», a indiqué Enrico Casini, directeur général d’Ansaldo Energia Algérie, rencontré hier au siège de la société italienne à Alger.

Avant-hier, lors d’un point de presse, Abdelkrim Benghanem, P-DG de Sonelgaz, a évoqué la responsabilité de ce constructeur italien dans la panne survenue dans le poste gaz de la centrale électrique d’El Hamma qui a, en partie, déclenché le black-out du 3 février 2003. «Nous sommes les constructeurs de cette centrale, mais pour la réalisation du poste gaz, nous avons sous-traité avec Nuovo Pignone, une filiale du groupe américain General Electric, installé à Florence, en Italie», a déclaré Casini. Il a expliqué que Nuovo Pignone a, à son tour, acheté le matériel du poste gaz chez la société italienne Fiorentini, référence mondiale dans le secteur. Le DG d’Ansaldo en Algérie n’a pas nié la responsabilité de sa société. «Quand un pneu d’une voiture est non conforme, ce n’est pas le producteur du pneu qui est directement responsable, mais le constructeur automobile en premier», a-t-il comparé. Il a indiqué que les ingénieurs de Nuovo Pignone se sont récemment déplacés à Alger pour entamer une expertise complète des raisons de la panne qui a paralysé la centrale d’El Hamma. «Nous communiquerons les résultats à Sonelgaz dans les jours à venir. Nous nous engageons, à travers Nuovo Pignone, à remettre de l’ordre dans cette situation car Sonelgaz est un client prioritaire», a ajouté Casini. C’est une tige entre deux membranes à l’intérieur d’une vanne du poste gaz qui a cédé sous des vibrations trop puissantes, provoquant l’arrêt de l’alimentation en gaz des turbines de la centrale. L’incident a ensuite déclenché la réaction en chaîne engendrant le black-out du 3 février. «C’est le premier cas d’espèce que nous avons rencontré. On ne s’attendait pas à une telle panne, car le poste à gaz n’est pas le compartiment le plus sensible d’une centrale aussi sophistiquée. Tout marchait bien au niveau de notre bureau de contrôle et lors des essais à blanc», a commenté Casini. Le jour de la panne, les ingénieurs d’Ansaldo ont, d’après lui, réparé le poste gaz dès 21 h. Selon lui, Ansaldo, un des leaders mondiaux dans la technologie des centrales électriques, jouit d’une grande confiance de la part des Algériens. La société, présente en Algérie depuis les années 1960, a réalisé des centrales électriques à Annaba et à Ravin Blanc, dans le port d’Oran, dans les années 1970, ainsi qu’à Mersat Hadjadj, à Arzew, dans les années 1980. La centrale d’El Hamma, mise en service en mai 2002, reste sous la responsabilité du constructeur italien le temps de finaliser les réglages. Le contrat passé entre Sonelgaz et Ansaldo prévoit une période de garantie de deux ans. «Notre contrat de confiance avec Sonelgaz n’a pas été ébranlé par cette situation», a tenu à préciser le DG d’Ansaldo Algérie. Sa société est intéressée par le projet d’une centrale à Hadjret Nous, dans la wilaya de Tipaza. Benghanem avait indiqué qu’il a demandé au ministère de l’Energie et des Mines de lancer rapidement un appel d’offres pour la construction de cette centrale, d’une capacité de 1200 MW pour 2006. «Nous sommes intéressés aussi pour la fourniture de matériel à la société qui aura le marché de la centrale de Skikda», a ajouté Casini. Cette centrale est l’objet d’un appel d’offres et sera d’une capacité de 800 MW. «Nous voulons rester en Algérie pour encore longtemps», a conclu le manager italien.

Par Adlène Meddi