Le président de la république et la jeunesse

Le président de la république et la jeunesse

« Je comprends l’aspiration et l’impatience de la jeunesse algérienne a une vie meilleure et je suis révolté contre la triste situation dans laquelle on l’a plongée.
« Cependant, je demeure surpris par son absence d’idéal ainsi que par le fait qu’elle veuille tout et tout de suite, au détriment de l’effort et du labeur. Cela peut-être du au matérialisme de notre époque.
« Je lui demande d’avoir davantage de rêves, d’aller de l’avant, de vaincre ses peurs, de dépasser les archaïsmes, d’être conquérante pour bâtir l’Algérie de demain. Je compte sur son exceptionnelle vitalité et sur sa volonté indomptable de s’en sortir, pour m’aider à remonter la pente du renouveau. »

Alger, 14/05/2000 (aps) – Le président de la république, M. Abdelaziz Bouteflika, a accorde une interview a la revue « politique internationale », dont voici le texte intégral:

Question :

Votre histoire personnelle se confond avec celle de l’Algérie indépendante. En tant qu’acteur de la vie politique algérienne pendant les vingt premières années de l’indépendance, pensez-vous que, dans une perspective historique, les choix politiques et économiques de l’époque étaient les bons ?

Réponse :

Sans aucun doute, il s’agissait de répondre a l’immense attente des algériens qui désiraient vivre dans la dignité et s’épanouir dans un pays libéré du joug colonial et de l’oppression, dans un pays plein de promesses. Cette attente signifiait qu’il fallait donner les mêmes chances et assurer un égal accès pour tous aux bienfaits du progrès et de la modernité. Cette profonde aspiration populaire était soutenue par un projet et par une politique de développement, certes volontariste, mais qui a incontestablement amélioré la vie des algériennes et des algériens.

Tous les paramètres de développement l’indiquent, qu’il s’agisse de l’éducation, de la santé et de la nutrition, ils ont converge et contribue a l’élévation du niveau de vie de la population. Cette politique s’est traduite par des acquis économiques et sociaux qui courent le risque, aujourd’hui, d’une remise en cause sérieuse. Les énormes progrès accomplis peuvent se mesurer en comparant les données socio-économiques de l’Algérie durant la colonisation par rapport a l’Algérie indépendante. C’est d’une éloquence a vous couper le souffle. On est passe d’une société de survie a une société moderne avec des exigences accrues dans tous les domaines du progrès humain.

Les Algériennes et Algériens demandent aujourd’hui, outre la sauvegarde des acquis socio-économiques, la consolidation du processus démocratique, l’approfondissement des reformes économiques et l’émancipation de la femme.

Question :

Quelles sont les erreurs qui ont mené a la crise actuelle ?

Réponse :

elles sont multiples. Au plan politique, l’on a péché par absence de vision et de projet, qui, en même temps qu’ils devaient soutenir l’élan et le rythme du développement, devaient ouvrir la voie a des reformes nécessaires pour corriger les excès et les erreurs. Cela ne s’est pas fait alors que l’évolution socio-économique devenait plus complexe dans sa gestion. Des les années 80, les pays en développement les plus clairvoyants avaient entrepris des reformes de structure. L’Algérie s’était offert une pause de farniente, privant le pays d’une politique de préservation des grands équilibres, couplée a une stratégie de développement sectorielle qui lui aurait permis d’avancer.

Les retards accumules durant les années 80 pour préparer l’Algérie des années 90, c’est-à-dire de l’an 2000, ont fait le reste. J’ajouterai que le facteur démographique n’a pas été pour arranger les choses.

Question :

Avez-vous un modèle parmi les grands personnages de l’histoire contemporaine ?

Réponse :

J’ai été nourri par l’idéal des nombreux personnages politiques contemporains qui, marques par deux conflagrations mondiales, au service d’un monde meilleur et de l’avènement d’un homme nouveau. Mon attachement va a tous les hommes de bonne volonté, courageux et exemplaires qui ont combattu la barbarie sous toutes ses formes et n’ont pas ménagé leurs efforts en faveur de la paix, la liberté, la fraternité et de la concorde entre les hommes. Vous comprendrez naturellement que j’ai été profondément marque par tous ces grands hommes, dont nos glorieux martyrs qui, en arrachant leur liberté, ont fait entendre la voix des peuples asservis par le joug colonial et ont fait triompher la dignité des peuples opprimes. Je retiens de ces mouvements de l’histoire, que l’homme doit rester mobilise pour consolider la paix car, de ce point de vue, rien n’est jamais acquis. Je reste convaincu que la finalité de l’action politique est l’homme, car il conditionne tout le reste.

Question :

Quelles sont les trois mesures prioritaires pour jeter les bases de l’Algérie de demain ?

Réponse :

Ces priorités figurent dans mon programme. La priorité va a la restauration de la paix et de la concorde civile nationale sans lesquelles aucune action n’est possible de façon durable, c’est-à-dire a long terme.

Le deuxième axe réside dans la poursuite et l’approfondissement des reformes pour consolider le processus démocratique et moderniser l’économie en vue d’une relance de la croissance.

Le troisième axe vise a assurer une meilleure insertion du pays aux niveaux régional et international, a travers la consolidation de l’édifice maghrébin commun, la conclusion d’un accord d’association avec l’union européenne et l’adhésion de l’Algérie a l’organisation mondiale du commerce.

Question :

Quelles sont les forces et les partis politiques sur lesquels vous pensez pouvoir vous appuyer pour moderniser l’Algérie ?

Réponse :

Je compte m’appuyer sur toutes les forces vives de la nation pour entreprendre cette mission titanesque, des lors qu’elles sont respectueuses des lois de la république.

La modernisation du pays, c’est-à-dire son devenir, interpelle et intéresse toutes les algériennes et les algériens, quelle que soit leur couleur politique et je n’entends adopter aucune démarche sélective ni discriminatoire, encore moins d’exclusion. Il s’agit d’ouvrir des perspectives aussi larges que possible. L’ouvre de modernisation du pays n’est pas et ne peut être le fait d’un seul homme. L’Algérie a besoin de tous ses enfants pour avancer, créer et bâtir aujourd’hui, son futur et son avenir. Je suis convaincu que toutes les algériennes et tous les algériens, pleins de vitalité et d’ambitions, font le pari de réussir la modernisation de leur pays.

Question :

Vous avez approuvé « l’offre de paix » signée par l’opposition a Rome en 1995, en direction des opposants islamistes non armes. Aujourd’hui, vous refusez d’engager un dialogue politique avec l’ex-fis. Comment conciliez-vous ces deux prises de position qui paraissent a première vue contradictoires ? Est-ce une évolution de votre part ? Un durcissement ?

Réponse :

Si vous voulez dire que j’ai lu la déclaration de Sant Egidio, oui, comme tous les algériens, si vous voulez dire qu’en tant que membre de la direction du Fln, j’ai été consulte, non. Comme la direction tout entière, excepte quelques-uns, que, par déférence et estime pour notre secrétaire général de l’époque, nous nous soyons tus, cela fait partie de la déontologie partisane. Que ce document ait fait l’objet d’un rejet de l’autorité sans avoir probablement été lu, c’est une anomalie politique. Toujours est-il que j’appartiens au courant des nationalistes algériens qui n’applaudissent jamais aux interférences dans leurs affaires intérieures et qui, peut-être a tort, ont tendance a considérer que l’enfer est pave de bonnes intentions.

M’étant, de moi-même, engage dans des élections présidentielles sur la base de la constitution de 1996 et des lois en vigueur, il me revient en qualité de premier magistrat du pays, de défendre les lois de la république et de veiller sur elles. Par ailleurs, la loi sur la concorde civile, plébiscitée par le peuple algérien, loin de constituer un durcissement, est une avancée considérable en direction de tous ceux qui n’ont commis, ni crimes de sang ni viols. Elle leur offre la possibilité d’une réinsertion au sein de la société dans la dignité et sans poursuites judiciaires. Ce qui n’est pas rien au vu des terribles épreuves subies par la population algérienne et en particulier, par les familles victimes du terrorisme.

Question :

Que comptez-vous faire des irréductibles qui n’ont pas déposé les armes après le 13 janvier 2000 ?

Réponse :

J’ai déjà annonce a plusieurs reprises en prenant a témoin, et l’opinion publique algérienne, et l’opinion publique internationale : passe ce délai, les lois de la république s’appliqueront dans toute leur rigueur. Les efforts immenses déployés par l’état en terme de sensibilisation, pour convaincre les « égarés » de rejoindre le giron de la société, ne doivent en aucun cas être interprétés comme répondant a des objectifs de politique politicienne. Il s’agit d’un projet politique courageux qui vise a réunir les bases d’une réconciliation sérieuse devant permettre a l’Algérie d’avancer unie et sereine dans le nouveau millénaire.

Pour ce faire, l’état a du déployer des trésors de diplomatie pour faire taire les récriminations et la colère immense de la société civile en particulier, des familles victimes du terrorisme.

Cette politique a fini par porter ses fruits puisque la majorité de la population a adhéré a la démarche de réconciliation et de concorde civile.

Question :

Les amnisties peuvent-ils avoir un accès normal a des fonctions importantes, notamment dans l’armée ou l’administration ?

Réponse :

Oui, une fois passée leur période de probation, comme le prévoit la loi sur la concorde civile, les amnisties n’auront pas de casier judiciaire qui pourrait les en empêcher.

Question :

Vous vous êtes fixes un délai, le 13 janvier 2000 au-delà duquel vous emploierez tous les moyens pour venir a bout de ceux qui sèment la violence. Que comptez-vous faire concrètement après le mois de janvier 2000 ?

Réponse :

Concrètement, les dispositions de la loi sur la concorde civile ne seront plus d’actualité. Cette loi aura le mérite de placer chacun devant ses responsabilités. Ceux qui font le choix de poursuivre la voie de la violence, auront a faire aux dispositions universellement admises, mises a la disposition de l’état pour se défendre contre les fauteurs de troubles. Comme partout dans le monde, l’état se défendra et assurera l’ordre public dans le cadre de la loi.

Question :

Un mouvement algérien des officiers libre (maol), constitue de jeunes officiers entrés en dissidence, diffuse sur le site Internet anp.org. Des informations compromettantes sur le rôle de l’armée dans le massacre des civils. Qui est derrière ces officiers ? Quel crédit donner a ces informations ?

Réponse :

Je décèle un jugement de valeur de votre part concernant les informations diffusées par cette nébuleuse que vous considérez, et c’est votre droit, comme « compromettantes ». Ce groupuscule cherche laborieusement a relancer le fameux « qui tue qui ». Or, le débat sur cette question est largement dépasse aussi bien en Algérie qu’au niveau international. Il s’avère que s’attaquer a l’armée nationale populaire (Anp) est porteur au plan médiatique.

C’est la voie idéale pour se faire de la publicité. Je peux vous assurer que le maol ne m’empêche pas de dormir comme il n’empêche pas l’Anp de vaquer à ses missions. J’ajoute aussi que j’ai un respect considérable pour votre journal. Mon respect serait encore plus grand si vous arriviez a identifier les dissidents et dire dans vos colonnes avec l’objectivité qui vous caractérise, qui les manipule, au profit de qui et au détriment de quoi.

Question :

La majorité de la population algérienne a aujourd’hui moins de trente ans. Pensez-vous connaître et comprendre la jeunesse algérienne ? Vous surprend-elle ? Qu’aimeriez-vous lui proposer ?

Réponse :

Vous savez, le premier poste que j’ai occupé dans le premier gouvernement de l’Algérie indépendante, a été celui de ministre de la jeunesse. Et mon attachement a la jeunesse demeure entier, car elle signifie vitalité, dynamisme, ouverture d’esprit, imagination, créativité, liberté et optimisme, en somme, tous les ingrédients indispensables au succès de mon programme.

Ce sont des qualités que l’on essaie de garder intactes en dépit des limites qu’imposent l’expérience, le réalisme et le possible. Je comprends l’aspiration et l’impatience de la jeunesse algérienne a une vie meilleure et je suis révolté contre la triste situation dans laquelle on l’a plongée. Cependant, je demeure surpris par son absence d’idéal ainsi que par le fait qu’elle veuille tout et tout de suite, au détriment de l’effort et du labeur. Cela peut-être du au matérialisme de notre époque. Je lui demande d’avoir davantage de rêves, d’aller de l’avant, de vaincre ses peurs, de dépasser les archaïsmes, d’être conquérante pour bâtir l’Algérie de demain. Je compte sur son exceptionnelle vitalité et sur sa volonté indomptable de s’en sortir, pour m’aider à remonter la pente du renouveau.

L’Algérie va irrémédiablement vers un avenir qui est celui de cette jeunesse. De deux choses l’une, ou elle s’attelle a créer les conditions d’un avenir meilleur, ou elle attend la manne céleste et l’état providence. Dans le premier cas, le pays a besoin de l’effort de chaque Algérienne et de chaque Algérien. Et commençons d’abord par ceux qui travaillent. La qualité du travail, l’engagement, l’abnégation contribueront très rapidement a faire renaître l’enthousiasme et recréer les liens de solidarité nationale. Le monde vers lequel nous allons est un monde de compétition impitoyable.

Franchement, je n’ai pas d’autres choses a dire a la jeunesse que, de la même manière que les aines ont libéré le pays et créé l’état national, dans des conditions qui étaient enviables pour la jeunesse algérienne par rapport a d’autres pays du monde. De la même manière, le pays, aujourd’hui, qui va inéluctablement appartenir a cette jeunesse, attend d’elle qu’elle lui donne quelque chose. Et dieu sait si avec un peu moins d’individualisme et un peu plus de générosité, dieu sait si elle n’a pas beaucoup a donner.

Question :

Vous avez passé une partie de votre retraite politique dans les monarchies du golfe. Leur rôle financier et idéologique dans le développement des mouvements islamistes a souvent été décrié. Cela influence-t-il les relations, qu’en tant qu’homme d’état, vous entretenez avec ces monarchies ?

Réponse :

En tant qu’homme d’état, je suis d’abord et avant tout le gardien jaloux des intérêts supérieurs de l’Algérie et ce, en dépit des liens fraternels qui m’unissent a la plupart des monarques du golfe. Je tiens a rappeler qu’ils ont apporte un appui précieux au programme de renouveau de l’Algérie et qu’ils ont répondu présents au moment ou d’autres partenaires ont applique l’embargo contre mon pays.

Je vous laisse par ailleurs la totale responsabilité de votre appréciation sur les pays du golfe. Votre question vous appartient et elle n’engage que vous.

Question :

Vous vous êtes toujours présente comme un libéral. Pouvez-vous préciser votre conception de l’économie de marche pour l’Algérie ? Est-elle partagée par la majorité du peuple algérien et de la classe dirigeante ?

Réponse :

L’économie de marché signifie pour une économie comme la notre, étouffée par le dirigisme et la bureaucratie, la libération des énergies et des initiatives que tous les Algériens appellent de leurs voux. Cela étant dit, je ne suis pas de ceux qui pensent que le marche est une panacée et qu’il a réponse a tout.

Le rôle régulateur de l’état doit être accru pour assurer les conditions d’une concurrence loyale, d’une protection raisonnable de l’économie, sans tomber pour autant dans le protectionnisme et pour redistribuer les richesses.

Je constate que chez nous, la libéralisation du commerce extérieur s’est illustrée par l’importation de produits qui, très souvent, ne répondent pas aux exigences des normes de qualité et de sécurité pour les consommateurs et qui, de surcroît, a expose la production nationale a une concurrence déloyale. Cette situation plaide pour que l’on dote l’économie nationale de toute la panoplie d’instruments indispensables a l’économie de marche, sous peine de la voire rejetée par les dirigeants et la population. Or, mon objectif est de faire en sorte que cette option libérale dépasse le stade du souhait, en d’autres termes, qu’elle soit voulue.

Question :

Comment, concrètement, pensez-vous attirer les capitaux étrangers, en dehors du secteur des hydrocarbures ?

Réponse :

En effet, la promotion de la production hors hydrocarbures constitue une priorité de mon programme économique. A cet égard, l’Algérie, a l’instar de la plupart des pays, n’échappe pas a la tendance générale qui s’impose aujourd’hui, a savoir que les investissements étrangers participent pour une grande part au développement des nations. Je fais le pari de réussir le programme de reformes avec le concours des investisseurs étrangers. Ce que je peux leur offrir, c’est d’abord, de mettre fin aux dysfonctionnements en assurant une meilleure transparence du système juridique et de la réglementation nationale en vigueur et de l’ancrer dans les instruments internationaux pour sécuriser les investisseurs étrangers. Il faut rappeler que l’Algérie est signataire de la plupart de ces conventions, tels Miga et Cirdi. De plus, les atouts géostratégiques (trait d’union entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient), le potentiel économique (étendue du territoire, richesses minières, énergétiques, potentiel humain et marche solvable) constituent des paramètres qui peuvent convaincre les investisseurs étrangers de participer dans le cadre de partenariats féconds, a la modernisation de l’économie algérienne.

Question :

La politique étrangère française, dans les institutions de la 5eme république, est du « domaine réservé » du président. Cependant, Lionel Jospin s’est montre particulièrement présent sur l’ensemble des dossiers du Maghreb. Lequel des deux hommes a le mieux compris ce que vous voulez faire en Algérie ?

Réponse :

Je ne crois pas avoir décelé un quelconque décalage entre le président Jacques Chirac et le premier ministre, Lionel Jospin, quant a leur volonté de procéder a une « refondation » des relations algéro-françaises. Il ressort de mes contacts avec eux, une égale disponibilité a ouvrer a l’établissement d’une relation forte entre l’Algérie et la France qui doit faire oublier la banalité dans laquelle elle a été maintenue au cours de ces dernières années.

Question :

Considérez-vous la francophonie comme un levier politique et économique, un peu a l’instar du Commonwealth, ou simplement comme une communauté culturelle de fait ?

Réponse :

A l’heure des regroupements régionaux, la francophonie peut effectivement jouer le rôle de ciment entre les différentes composantes de la famille francophone. Et qui pourrait lui en vouloir de jouer ce rôle, des lors que les membres de la famille y trouve leur compte?

Pour ce qui concerne l’Algérie, elle ne considère pas l’organisation simplement comme une communauté culturelle, mais comme un levier politique et économique. Notre attachement a la culture universelle prédispose par la volonté de l’histoire et de la proximité géographique, la langue et la culture françaises d’abord a une place privilégiée de choix et de qualité. Nous sommes autant ouverts que par le passe et peut-être plus ouverts. En somme, dois-je souligner que nous contribuons au rayonnement de la langue et de la culture française sans aide, sans subvention, sans moyens et sans encouragements. C’est un choix unilatéral et que nous assumons, même s’il est porteur de dividendes économiques et commerciaux pour la France en particulier.

Pour ce qui est aspects politiques et économiques de la francophonie, très franchement, nous n’arrivons pas encore a nous convaincre que notre intérêt est la et qu’il y va précisément de cet intérêt d’y adhérer. Les efforts restes imperturbablement les mêmes en faveur de la langue et de la culture française n’ont pas épargné a l’Algérie des mesures discriminatoires vexatoires, restrictives et peu amicales. Bref, la langue nationale et officielle de l’Algérie est la langue arabe. Ce qui ne dispense en aucune manière les algériens de s’ouvrir sur la culture universelle dans laquelle la langue française précisément est tout simplement pour les algériens, un butin de guerre que nous avons mieux assume, voire fait prospérer en 37 ans d’indépendance, bien plus que la présence française en 130 ans.

Question :

Considérez-vous que le ministre de la défense algérien, quel qu’il soit, est l’égal des autres ministres, ou pensez-vous qu’il a des responsabilités particulières ? Si oui, lesquelles ?

Réponse :

A l’instar de tous les états légalement constitues, le ministère de la défense algérien fait partie des ministères dits de souveraineté comme les affaires étrangères, l’intérieur, la justice ou l’économie. Mise a part cette distinction dont le ministre de la défense n’a pas seul, le privilège, rien ne le distingue au plan constitutionnel du reste de ses collègues ministres. Il siège au même titre qu’eux aux réunions ministérielles.

Question :

L’armée algérienne est divisée en plusieurs courants. Pourriez-vous qualifier ces différentes tendances ? Est-il possible de gérer ces divisions et comment ?

Réponse :

Décidément, vous n’allez pas du dos de la cuillère. Vous postulez et vous attendez que l’on puisse tout simplement étayer la démonstration de vos postulats. Parlant de l’une des institutions constitutionnelles de mon pays, ni la liberté de procès, ni la liberté d’expression ne vous autorisent a être aussi affirmatif et par voie de conséquence, désobligeant.

Maintenant et par hypothèse d’école, supposons que vos questions ne soient pas tendancieuses, je pourrai tout simplement vous dire que l’armée nationale populaire n’est que le reflet de la société algérienne. Le fait qu’elle soit traversée par des courants qui sont représentes au sein de partis politiques reconnus, prouve d’une part, qu’elle vit en symbiose avec la société et non coupée d’elle, et d’autre part, que la démocratisation de la société algérienne est en marche. L’armée réussit a digérer ses courants, sans en être victime, ce qui prouve qu’elle digère tout aussi bien la démocratisation, puisqu’elle a maintenu sa cohésion et son unité en dépit de coups mortels portes contre elle par l’aventure terroriste et qui a fait bien des victimes dans ses rangs. Cette résistance force l’admiration du peuple algérien envers son armée mais, dans le même temps, rend fous de rage ses détracteurs qui l’accablent de tous les maux et des pires dérivés.

Question :

Depuis votre élection, l’administration Clinton a montre un intérêt croissant pour l’Algérie. L’an dernier, des exercices communs ont eu lieu avec la flotte américaine en Méditerranée. Ce rapprochement fait-il l’unanimité au sein de l’armée et du gouvernement ? Y êtes-vous personnellement favorable ?

Réponse :

Je suis heureux de constater l’évolution positive de l’administration Clinton a l’égard de l’Algérie. A l’heure de la recomposition des relations internationales, y compris au niveau de la région méditerranéenne, tout ce qui peut aider a renforcer l’Algérie est le bienvenu. Une des constantes en matière de politique étrangère de l’Algérie, est d’ouvrer a la stabilité, a la paix, et a la compréhension entre les peuples. Le rapprochement des Etats-Unis répond a ce principe auquel adhèrent les responsables algériens.

Question :

Le roi Mohamed VI et le président Ben Ali ont montré leur désir de renforcer l’intégration maghrébine. Vous sentez-vous proche de ces deux hommes ? Quel rôle et quelles perspectives assigneriez-vous a l’union du Maghreb arabe (Uma) ?

Réponse :

Je me sens naturellement proche de mes frères, le roi Mohamed VI et le président Ben Ali. En optant pour l’Uma, l’Algérie fait un choix stratégique destine a assurer un espace commun ou seront mieux défendus les multiples liens qui nous rapprochent et ou seront conçus les nouveaux instruments de notre union pour une adaptation commune aux enjeux et perspectives que représentent désormais les blocs économiques régionaux.

Néanmoins, depuis 1962, il a été longuement prouve que les ensembles maghrébins auxquels nous avons aspire ont fait long feu.

C’est qu’ils procédaient davantage de l’élan et de la générosité des cours que de la préservation rationnelle des intérêts de chacun et de tous, qui mette l’entreprise a l’abri de l’usure du temps, des discordes toujours conjoncturelles au demeurant même quand elles durent, et de la confrontation devenue de plus en plus exigeante des intérêts nationaux. L’Uma se fera désormais en s’inspirant de ce qui a le mieux servi la CEE pour aboutir a l’union européenne. En somme, un peu moins de cour et un peu plus de raison. Qui plus est, tisser des liens de coopération entre des peuples voisins et irrémédiablement voisins, me parait relever du ba-ba de la vie, voire de la survie du monde tel qu’il est, et point n’est besoin de qualifier d’historique chaque rencontre multilatérale.

Question :

Que pensez-vous de l’initiative du colonel Kadhafi sur l’unification africaine ?

Réponse :

Elle aura eu le mérite d’insuffler une dynamique nouvelle a la vie de l’organisation de l’unité africaine, c’est a dire, sur la base d’un échéancier raisonnable, l’avènement de l’unité africaine, un des objectifs majeurs des pères fondateurs de l’Oua. Il est évident que la mondialisation accélérée, les mutations profondes qui se produisent au niveau mondial, exigent un sursaut salutaire et des efforts coordonnes de la part de l’ensemble des pays africains pour sortir de la léthargie et de la fatalité dans laquelle l’Afrique a été plongée sous les effets conjugues des calamités naturelles, des conflits fratricides et d’un endettements suffocant.

Question :

L’idée d’une adhésion a l’union européenne de la Turquie est en train de faire son chemin. Le fait qu’il s’agisse d’un pays musulman vous parait-il important ? L’adhésion de l’Algérie, dans une hypothèse de très long terme, serait-elle souhaitable et possible ?

Réponse :

Cela signifie que l’ensemble européen est en train de faire un pas dans la bonne direction, c’est a dire d’une convergence en direction des pays qui font partie de son environnement politique, géographique, certes avec une identité propre aux plans culturel et religieux. Cela signifie que la forteresse Europe est en train de s’ouvrir et d’amorcer un tournant dans ses relations en direction des partenaires tiers. C’est un signal très fort. L’Algérie qui a toujours plaide en faveur de relations d’équilibre, de paix et de bon voisinage, se félicite de cette évolution positive. S’agissant de l’adhésion de l’Algérie a l’union européenne, l’accord d’association constitue en quelque sorte un prélude. Elle n’y voit pas d’inconvénient des lors qu’il s’agit de l’adhésion d’états souverains.

Qui plus est, la berge méridionale de la Méditerranée et mon pays en particulier, a par deux fois durant ce siècle, servi de bouclier a l’Europe. Je crois que l’évolution euro-méditerranéenne plaide en faveur de l’élargissement du cas de la Turquie a d’autre pays et chaque chose en son temps. Nous suivons attentivement l’évolution des choses en tant que partie prenante.

Question :

Quels sont les pays sur lesquels vous comptez le plus pour travailler au développement économique de l’Algérie ?

Réponse :

L’Algérie s’ouvre a tous les concours et a tous les partenariats, pourvu qu’ils participent concrètement et de façon significative au développement et a la modernisation du pays. Dans cette perspective, je m’attends naturellement a ce que les amis de l’Algérie se retrouvent au premier rang, pour notre part, nous ne sommes animes par aucun préalable idéologique, ni par aucune discrimination. Nous avons naturellement tendance a préférer ceux que nous connaissons aux autres, a condition que ce sentiment soit également partagé.

 

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