L’armée algérienne dénonce une « campagne médiatique délirante » à son encontre

L’armée algérienne dénonce une « campagne médiatique délirante »
à son encontre

Jean-Pierre Tuquoi, Le Monde, 27 février 2001

Le livre d’Habib Souaïdia, « La sale guerre », a suscité, lundi, la réaction de l’armée algérienne. Face aux accusations portées par l’auteur, le général Lamari parle d’une « campagne médiatique délirante« .
CONFRONTÉE au retentissement en France et en Algérie de La Sale Guerre, le livre publié début février par un ancien officier de l’Armée nationale populaire, l’institution militaire algérienne a réagi, lundi 26 février, par le biais d’un « ordre du jour » de plusieurs feuillets signé par le chef d’état-major, le général de corps d’armée Mohamed Lamari. La Sale Guerre, dont l’auteur, Habib Souaïdia, est aujourd’hui réfugié en France, décrit pour la première fois de l’intérieur le comportement de l’armée dans sa lutte contre les islamistes à partir de 1992, l’année de l’interruption des élections législatives. Il y est question de tortures et d’exécutions de civils. Certaines pages laissent par ailleurs entendre que l’armée pourrait s’être rendue coupable de massacres.
« PRÉTENDU COMPLOT »
Face à ces accusations, le général Lamari parle d’une « campagne médiatique délirante émanant de l’extérieur » qui présente « comme des « vérités » des assertions assimilant l’action de l’armée et des services de sécurité à des actions criminelles comparables à celles des groupes terroristes ».
Cette nouvelle opération, ajoute le chef d’état-major, répond « à des fins inavouées mais très claires : ternir l’image des autorités algériennes, notamment militaires ». Le livre, poursuit-il, est « dénué d’objectivité, d’originalité et sans aucune valeur littéraire ou documentaire ». Quant à son auteur, le général Lamari le dépeint comme un « individu abusant de sa qualité de militaire, qui s’adonnait parallèlement au vol de véhicules et de pièces détachées », ce qui lui a valu de passer devant les tribunaux et d’être « exclu » des rangs de l’armée.
Contacté par Le Monde mardi matin, François Gèze, le directeur des éditions La Découverte qui ont publié La Sale Guerre, nous a précisé : « Le général Lamari réagit à des accusations précises et circonstanciées par des insultes et l’invocation d’un prétendu complot contre l’armée algérienne. Si le livre de Habib Souaïdia est « sans valeur », alors pourquoi n’accepte-t-il pas la commission d’enquête internationale indépendante qui permettrait d’établir la véracité des faits et les responsabilités dans les violations des droits de l’homme ? Le seul objectif qui m’anime est de faire connaître toute la vérité sur le drame algérien et de contribuer ainsi au retour à la paix civile dans ce pays. »
Une autre affaire risque d’alimenter la polémique sur le comportement de l’armée algérienne. Selon le Mouvement algérien des officiers libres (MAOL, créé en 1998 à l’étranger par des militaires en rupture de ban), dimanche 25 février, « 47 officiers détenus dans des cellules souterraines à la caserne (…) de Boughar dans la région militaire de Médéa, en fin de peine et tous libérables le 15 mars, ont été isolés dans une aile de la prison, regroupés et assassinés de sang-froid (…) par un commando spécial de la DRS l’ex-Sécurité militaire dépêché sur les lieux par les généraux Mohamed Lamari et Mohamed Mediene ». Selon le MAOL, ces officiers avaient été incarcérés parce qu’ils étaient soupçonnés de sympathies islamistes. Et c’est pour éviter qu’ils ne fassent des révélations, une fois libérés, qu’ils auraient été exécutés.

 

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