De hauts responsables indésirables à l’étranger

De hauts responsables indésirables à l’étranger

De hauts responsables de l’armée et de la police n’ont pu se rendre à l’étranger en raison du refus de certaines ambassades de leur octroyer des visas.

Abla Cherif, Le Matin, 13 mars 2001

Plusieurs hauts officiers de l’ANP viennent d’être récemment empêchés de se rendre dans plusieurs pays d’Europe, a-t-on appris de sources diplomatiques. Leurs déplacements, des voyages privés, nous dit-on, ont été rendus impossibles en raison du refus de certaines ambassades, celle de France notamment, de leur octroyer des visas. Cette même ambassade, indique-t-on par ailleurs, a opposé, il y a quelques jours, une fin de non-recevoir à une demande de séjour d’un colonel. Cette mesure ne semble cependant pas concerner uniquement les hauts représentants de l’institution militaire, mais également ceux de la police puisque avons-nous appris également, plusieurs commissaires divisionnaires ont été eux aussi empêchés de séjourner en France. Etrangement, ces refus n’ont été accompagnés d’aucune explication des parties concernées. Mais il en découle, à l’évidence, une situation encore inédite dans l’histoire du pays qui ne peut que nous laisser nous interroger sur l’existence de liens entre cette attitude et les graves accusations dont fait l’objet l’Algérie au sujet des massacres de populations. Les témoignages pour le moins douteux d’un citoyen se présentant comme un rescapé de la tuerie de Bentalha et d’un ancien sous-lieutenant radié de l’ANP pour dépassements et dont le nom a été transmis au panel onusien qui a séjourné dans le pays durant l’été 1998, ont été saisis au vol et utilisés pour relancer l’invraisemblable polémique autour des auteurs de ces horreurs. Mais cette fois-ci le fameux « Qui tue qui ? » a été largement dépassé puisque des doigts accusateurs se sont pointés directement sur l’ANP et les forces de sécurité, rendues ainsi responsables directement ou indirectement de ces massacres. Récemment, des pétitions d’intellectuels ont circulé en France et au Canada pour exiger l’envoi d’une commission d’enquête internationale en Algérie. Un nouvel appel émanant cette fois-ci d’un groupe d’intellectuels algériens basés en France, à la tendance bien connue, vient d’être publié dans Le Monde d’hier pour exiger l’ouverture « immédiate d’une information judiciaire pour permettre une enquête sur les mises en cause graves et précises de cadres de l’Armée ». Une véritable campagne pour accentuer la pression à la veille de la session de la commission des droits de l’Homme de l’ONU qui devra se tenir en avril à Genève durant laquelle l’Algérie est appelée à défendre son « dossier ».
Se peut-il que ces mêmes cercles soient à l’origine d’un dépôt de plainte auprès d’instances internationales qui pourrait expliquer le refus de certaines ambassades de délivrer des visas à ces hauts responsables algériens ? Si de tels faits venaient à se vérifier, ils pourraient s’expliquer en grande partie par la fragilisation de l’Algérie de l’intérieur.

 

 

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