Le nombre de victimes de la tragédie sujet à polémique

Le nombre de victimes de la tragédie sujet à polémique

 

Par Ahmed Kaci, La Tribune, 2 juillet 2001

Combien de personnes décédées ou blessées depuis le déclenchement des événements qui ont embrasé la Kabylie et quelques wilayas de l’Est ? Cent, cent cinquante, deux cents ? Nul n’est en mesure d’avancer avec exactitude un quelconque chiffre tant les conditions imposées par la répression, l’étendue du mouvement et l’insuffisance des moyens de communication rendent difficile tout travail de recensement par les partis et les animateurs des comités populaires et de archs.Pour rappel, des sources diverses ont, depuis le début des événements, livré des bilans plus ou moins contradictoires sur le nombre de personnes qui ont été tuées durant les émeutes.Notre confrère El Watan a annoncé dans son édition de samedi dernier l’existence d’une liste de 50 disparus répertoriés lors de la marche du 14 juin dernier, quelque 200 morts, 60 blessés graves et 5 000 blessés légers.Le site internet Algeria Watch, en collaboration avec Justicia Universalis, a recensé, sur la base notamment de décomptes de presse, 97 personnes tuées sur tout le territoire national depuis le 19 avril 2001 (y compris les deux journalistes fauchés par un bus de l’ETUSA et le jeune fauché par une voiture sur l’autoroute le jour de la marche). Kabyle-com, très visité, donne, pour sa part, le chiffre de 78 morts et 7 blessés graves uniquement dans les trois wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira. Le Front des forces socialistes a recensé quelque 74 morts sur tout le territoire national depuis le début de la révolte. Le FFS a été le premier à soulever la question des manifestants disparus après la marche du 14 juin dernier. Une liste exhaustive de 134 disparus a été remise à Kofi Annan par Aït Ahmed lui demandant l’envoi de rapporteurs spéciaux de l’ONU en Algérie.La question des personnes disparues lors de cette marche du 14 juin commence peu à peu à être résolue. Les personnes en question ont commencé à reparaître les unes après les autres, libérées pour la plupart par les services de sécurité. Dans toute la wilaya de Béjaïa, il ne subsiste aujourd’hui qu’un seul cas parmi 29 au départ, celui de Hadj Ali Youcef (la quarantaine) de Sidi Aïch qui n’a pas donné signe de vie depuis le 14 juin. Selon Sadek Akrour de la coordination de Béjaïa, il y aurait entre 120 à 150 morts à l’échelle nationale depuis le 19 avril dernier. Dans la seule wilaya de Béjaïa, Akrour parle de 400 blessés, dont 3 dans un état grave, qui pourraient être évacués et pris en charge à l’étranger mais, en tout état de cause, notre interlocuteur demeure sceptique quant à l’exactitude de ce chiffre. Toujours selon Akrour, il a été demandé à tous les comités d’effectuer un travail de proximité afin de recenser avec exactitude le nombre de victimes mortes, blessées ou disparues. Les résultats seront bientôt rendus publics.A Tizi Ouzou, où un même travail de proximité est en train d’être mené par les différents comités, on avance le chiffre de 120 à 200 morts à l’échelle nationale et quelque 5 000 blessés, dont 500 par balles (une centaine dans un état jugé grave). Pour les disparus de la marche du 14 juin dernier, Belaïd Aberka nous a affirmé que la plupart sont réapparus et qu’il en reste une dizaine qui manqueraient toujours à l’appel.Enfin, en matière de bilan, on citera celui, officiel, donné par le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, et qui est de 56 tués, dont 1 gendarme et 365 blessés par balles, 1 579 éléments des forces de l’ordre blessés alors que les dégâts matériels sont évalués à 110 milliards de centimes.

A. K.

 

 

 

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