Les amendements du code pénal adoptés

Les amendements du code pénal adoptés

Omar Sadki, Le Quotidien d’Oran, 17 juin 2001

Les amendements tant redoutés du code pénal ont été adoptés sans encombres par les membres du Conseil, en un temps-éclair. Moins d’un quart d’heure a suffi aux sénateurs pour voter par 112 voix pour, 11 contre et 6 abstentions, le document si controversé.

La polémique a accompagné l’adoption jusqu’à son ultime vagissement. En effet, pendant que le texte passait comme une lettre à la poste, des journalistes rassemblés devant le siège de la 2ème chambre, livraient leur dernier baroud d’honneur. Ils reçurent pour la consolation symbolique le renfort de quelques personnalités : les démissionnaires du Sénat d’hier (Mokrane Aït Larbi, Abdelhak Brerhi ), et d’aujourd’hui (Rabah Zerrari et Salah Boubnider); ces deux derniers ont en effet rendu publique leur démission du Conseil de la Nation, en complément du rejet du vote qui bâillonne les libertés démocratiques, les quatre démissionnaires relevant tous du tiers présidentiel.

Des journalistes, renforcés par des acteurs de la politique et du mouvement associatif, ont organisé un regroupement au même-moment, où le texte était adopté dans le silence de la plénière. Un dispositif de sécurité impressionnant a été déployé autour du siège du Sénat. La circulation automobile interrompue, la chaussée est occupée par quelques 200 personnes vociférant leur indignation.

Et leur rejet des dispositions qui mettent désormais sous-scellés la liberté d’expression et de la presse, au motif fallacieux de la lutte contre «la diffamation, l’outrage, l’offense et l’injure».

Ahmed Ouyahia, ministre de la Justice, convaincu de ses propres certitudes répétera ce qu’il a dit à maintes reprises : «Le droit à la critique est sauf, la liberté d’expression et d’opinion irréversible».

«Critiquez, critiquez, mais éloignez-vous de l’injure, la diffamation, l’outrage et l’offense». Un air déjà entendu.

Les élus du FFS – au nombre de quatre -, rendent publique pendant ce temps, une déclaration dans laquelle ils expliquent leur rejet des amendements. Les sénateurs de ce parti font le lien entre l’adoption de ces amendements et le contexte général du pays : «Le pouvoir combine, dans un élan fascinant, la répression aveugle avec les mesures scélérates visant à éradiquer l’expression libre et à soumettre toute une société», lit-on dans cette déclaration.

 

 

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