Affaire matoub: procès du 20.12.00 reporté

Le procès des assassins présumés de Lounès Matoub reporté sine die

TIZI OUZOU (Algérie), 20 déc (AFP) – Le procès des assassins présumés du chanteur berbère Lounès Matoub, tué dans une embuscade le 25 juin 1998 sur une route de Kabylie, a été reporté sine die mercredi à l’issue d’une brève audience par la cour de Tizi Ouzou (100 km à l’est d’Alger).

En présence de deux assassins présumés, sur les dix inculpés, la cour a accédé aux voeux de la partie civile, représentée par la mère et la soeur du chanteur, ainsi qu’à ceux de la défense.

Les deux inculpés présents, Abdelhakim Chenoui et Malik Medjnoun, ont crié à haute voix, depuis le box des accusés, leur innocence.

« C’est de l’injustice, nous sommes innocents », ont-ils lancé au tribunal.

La défense qui avait introduit un pourvoi en cassation contre l’arrêt de renvoi de la cour, a estimé que la procédure devrait aller jusqu’à la Cour suprême.

Aucune date n’a été fixée pour la reprise du procès.

Le défenseur de la famille Matoub, Me Azoudaou El Islam, a souligné le peu de délai imparti entre le moment où la chambre d’accusation a rendu son arrêt, le 10 décembre, et le début du procès fixé au 20 décembre.

Malika la soeur du chanteur a dénoncé, à l’issue de l’audience devant quelques journalistes, un « procès monté de toutes pièces ».

« Ce n’est pas notre procès, il a été commandé par El Mouradia (ndlr: siège de la présidence de la République à Alger) », a-t-elle ajouté.

Elle réclame une enquête plus approfondie et s’étonne que « les coupables changent sans arrêt » alors que les témoins ne sont pas entendus.

L’épouse du chanteur et ses deux belles-soeurs qui étaient dans le véhicule quand Lounès Matoub a été abattu n’étaient pas présentes à l’audience. Elles résident actuellement en France.

Les dix inculpés, dont huit en fuite, sont accusés d' »assassinat, complicité d’assassinat, tentative d’assassinat et participation à un groupe terroriste ».

L’assassinat avait été imputé au Groupe islamique armé (GIA) qui avait déjà enlevé le chanteur en septembre 1994 et l’avait séquestré pendant une quinzaine de jours.

Il avait été tué dans une embuscade tendue par un groupe armé sur la route menant à son village Taourirt Moussa dans la montagne kabyle, à une trentaine de kilomètres de Tizi-Ouzou. Son épouse et ses deux belles-soeurs qui l’accompagnaient avaient été légèrement blessées.

La voiture du chanteur avait été criblée de balles. Soixante-dix-huit impacts ont été relevés sur la puissante Mercedes de l’artiste conservée précieusement dans le garage de la fondation Matoub à Taourit Moussa.

Ahmed Haddag le porte-parole de la Fondation Lounès Matoub, présidée par la soeur du chanteur Malika, s’étonne qu’avec autant d’impacts, seul le chanteur soit mort dans l’embuscade et que les trois accompagnatrices n’aient été que légèrement blessées.

« On pense qu’il a été tué à bout portant et qu’ensuite on a maquillé l’assassinat en arrosant la voiture de balles », a-t-il expliqué.

L’assassinat de Lounès Matoub avait provoqué de sanglantes émeutes dans toute la Kabylie où il jouissait d’une énorme popularité en tant que chanteur mais surtout comme défenseur de la culture berbère et farouche opposant au pouvoir et aux islamistes.

Un groupe dissident du GIA avait revendiqué l’assassinat, quelques jours après l’attentat.

ao-mjp/ag

 

FONDATION LOUNES MATOUB
Siège : Taourirt Moussa – Aït Mahmoud Tizi Ouzou
Tel : (26) 21 68 66.

DECLARATION

Des tergiversations à la précipitation. La justice de notre pays, simple pendant du pouvoir politique, vient de rendre publique « sa décision » dont l’intention inavouée est d’en finir avec l’affaire MATOUB, en annonçant l’organisation d’un simulacre de procès sur commande, le 20 décembre 2000.
Par cette décision, l’institution judiciaire ne fait qu’accéder à la demande formulée récemment par certains milieux que la vérité ne peut que déranger.
Ainsi donc, pour l’appareil judiciaire il est possible de tenir un procès sans une reconstitution des faits crédible, sans étude balistique et sans audition des témoins, tous les témoins oculaires.
Devant le scandale judiciaire qui se dessine, la Fondation Lounès Matoub qui a, à maintes reprises, mis en garde contre toute velléité de substituer au véritable procès une mascarade, ne peut accepter, encore moins cautionner une telle supercherie.
Aussi, elle tient à se démarquer d’un procès dont la finalité n’est autre que de rassurer, voir de protéger les commanditaires de l’assassinat de Lounès et d’empêcher l’éclatement de la vérité.
Quelques soit l’issue « procédurière » de l’audience du 20 décembre prochain, la Fondation Lounès Matoub réaffirme sa détermination à aller jusqu’au bout de sa revendication pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances de l’assassinat du REBELLE et la tenue d’un vrai procès, pour la manifestation de la vérité.

Tourirt Moussa le 18/12/2000
Le Bureau Exécutif

 

 

 

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