Contre la répression et les manipulations

Contre la répression et les manipulations

Pour la Démocratie, la Justice et la Paix

C’est par les mots d’ordre de  » Liberté  » et de  » Pouvoir assassin  » qu’encore une fois des milliers de jeunes sont descendues dans les rues de Béjaïa, de Tizi-Ouzou et d’autres villes et villages de Kabylie.

Répétant les drames nationaux d’Octobre 1988, Juin 1991, Janvier 1992, Juin 1992, de 1995 et 1997.

Cette nouvelle révolte des jeunes en Kabylie exprime l’exaspération de tous les jeunes algériens devant l’oppression criminelle, l’arbitraire et la misère généralisés qui touchent au quotidien toutes les catégories de la population.

Quelles que soient les tentatives de manipulations ou d’instrumentalisation par les généraux de la mort et de la corruption, il est clair que le combat de ces jeunes est inséparable de celui du peuple algérien tout entier contre la dictature militaire kleptocrate au pouvoir.

La sauvagerie de la répression dévoile mieux que tous les discours le cynisme et la barbarie du régime militaire et montre à tous que la  » lutte contre l’islamisme  » n’est qu’un prétexte pour justifier la permanence de la tyrannie et le maintien des privilèges de caste.

Les provocations à l’émeute et à la violence est, comme les massacres, un moyen traditionnel du cartel des généraux au pouvoir de régler leurs différends ; les redéploiements de 1999 au sommet  » visible  » des appareils ont montré leur inanité et lamentablement abouti à l’impasse. Ces appareils militaires ou civils ont, à l’évidence, perdu la capacité minimale de gestion des affaires publiques.

De  » concorde civile  » en  » concorde nationale « , les dispositifs bureaucratiques moralement douteux de gestion de la crise ont montré leur inefficacité et l’éloignement du régime des préoccupations de la société. Les différents compartiments du pouvoir reconnaissent publiquement depuis plusieurs mois l’inanité de toutes les constructions politiques ; une nouvelle crise au sommet devenait inévitable. Elle donne lieu depuis plusieurs semaines aux plus sinistres manœuvres de diversion pour tenter de masquer les enjeux et les commanditaires crapuleux des recompositions en cours.

La révolte qui secoue la Kabylie, la multiplication des massacres de civils et de militaires dans différentes régions du pays font partie de la même stratégie d’instrumentalisation des populations innocentes pour imposer une nouvelle répartition des rôles au sommet de l’Etat.

Les morts et les blessés en Kabylie écrivent une nouvelle page de sang et de larmes de la malheureuse histoire récente de notre pays et constituent un nouveau repère dans l’accession du peuple algérien tout entier à la démocratie et la liberté.

L’opinion publique algérienne ne s’y est pas trompée qui a aucun moment n’a accrédité la thèse d’une crise ethnique ou particulariste véhiculée par les généraux et leurs relais politiques ou médiatiques. Face à la dictature criminelle, comme hier contre le colonialisme, la résistance multiforme du peuple algérien est une et indivisible.

Nous soutenons toutes les revendications politiques, économiques et sociales ainsi que l’exigence démocratique exprimées par la jeunesse de Tizi-Ouzou, de Béjaïa et d’ailleurs.

Dans ce contexte sanglant, les soussignés condamnent la violence et l’arbitraire du pouvoir et appellent à la solidarité avec les protestataires en Kabylie et ailleurs, et exigent ;

· L’arrêt immédiat de la répression en Kabylie,
· la levée des lois d’exception,
· la garantie des libertés publiques et politiques sans exclusive
· le retrait du champ politique de l’armée et des corps de sécurité

Paris, 30 avril 2001

GHAZI HIDOUCI et OMAR BENDERRA

 

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