Djeddaï dénonce la fraude

Djeddaï dénonce la fraude

Par Arab Chih, El Watan, 1 juin 2002

«Le taux de participation au niveau national varie entre 15 et 20 %». C’est ce qu’a soutenu le premier secrétaire du FFS, M. Ahmed Djeddaï, lors d’une conférence de presse animée hier au siège de son parti. Non sans qualifier au passage le taux de participation officiel de 46 % annoncé par M. Zerhouni de «plus faible taux dans l’histoire de l’Algérie indépendante».

Pour Djeddaï, il y a fraude dans plusieurs wilayas du pays : Batna, Aïn Defla, Relizane… où «des individus à bord de voitures obligeaient les citoyens à voter en leur remettant des bulletins FLN». Après avoir qualifié le résultat de la participation de «surréaliste» et de «supercherie destinée à tromper une fois de plus l’opinion nationale et internationale», le premier secrétaire du FFS a affirmé que «par cette massive abstention à travers le territoire national et ce rejet de cette mascarade électorale, les Algériennes et les Algériens ont signifié sans ambiguïté le rejet d’un pouvoir illégitime qui érige l’impunité, la corruption, l’injustice, la répression et la fraude en système de “gouvernance”». Avant d’ajouter : «Ce rejet massif constitue un acte de résistance pacifique et démontre toute la détermination de la population à s’émanciper et à construire un État démocratique». M. Djeddaï a estimé qu’il n’y a aucune lecture politique à faire de ce scrutin et qu’en l’absence de représentation réelle, il n’y aurait pas de nouvelle carte politique. «Le pouvoir a simplement procédé à un rééquilibrage purement interne», a-t-il ironisé, arguant que les partis au pouvoir et les islamistes ont gardé les mêmes quotas. Et de révéler ensuite qu’un groupe influent au pouvoir a décidé de balayer les hommes politiques les plus serviles en citant Ouyahia, Nahnah et Adami. Sollicité pour un commentaire sur les accusations portées par Louiza Hanoune contre son parti et le résultat réalisé par le P T, Djeddaï s’est contenté de répondre qu’«elle a été gratifiée pour service rendu». Pour ce qui est de la Kabylie, Djeddaï a affirmé que l’objectif de zéro vote est bel et bien atteint et que les taux de participation annoncés pour les wilayas de Tizi Ouzou (1,82) et de Béjaïa (2,62) ont été atteints grâce aux suffrages des corps constitués. Il a soutenu dur comme fer que seules 14 personnes à Tizi-Ouzou et 07 autres à Béjaïa des agents de l’administration ont voté. Tout en révélant l’existence d’une tentative de fraude à Aïn El Hammam où les citoyens ont découvert dans le domicile d’un élu FLN toute une urne pleine de bulletins de son parti. Il a aussi démenti, en les qualifiant «d’arguments fallacieux», les affirmations de M. Zerhouni qui a expliqué l’abstention massive en Kabylie par la violence exercée sur les citoyens. Il a aussi tenu à rejeter de toutes ses forces les accusations portées contre son parti de verser dans la violence en affirmant : «Nous sommes un parti non-violent qui entreprend des initiatives politiques pacifiques.» Non sans accabler le pouvoir qu’il a accusé d’être «responsable de l’impasse politique actuelle». Pour lui, cette «forte abstention», qualifiée «de grande victoire de la société, dans sa grande marche vers l’autodétermination et la démocratie», exprime la rupture entre le pouvoir et la population et «l’irréversibilité de la dissidence citoyenne nationale et pacifique».