L’Algérie indépendante: « un cadeau empoisonné »

L’Armée des frontières au pouvoir :  » Un cadeau empoisonné « *

Abdallah el Djazairi, 3 novembre 2000

Suite à la publication sur votre site en octobre 2000, de l’article du professeur Addi, permettez moi de remercier ce dernier pour toutes ses publications et pour l’amour qu’il porte pour notre peuple et pour notre chère Algérie.

Si la création de l’état d’Israël en 1948,avait pour but de créer un foyer national juif, elle avait aussi comme but de créer au sein du moyen orient un pays qui représentera un gouffre qui épuisera les énergies des pays du moyen orient les privant ainsi de toute forme de développement ou de stabilité . En Algérie, l’arrivée de l’armée des frontières au pouvoir en 62,est certes justifiée par la légitimité historique . La question qui se pose est la suivante : Quel est le degré de neutralité de l’administration coloniale vis à vis des luttes au pouvoir qu’a connues l’Algérie juste avant juillet 1962 ?

Si l’armée des frontières avait les moyens militaires pour accéder au pouvoir, l’administration coloniale a tout fait pour lui remettre les « clés » de l’Algérie offrant ainsi aux algériens un cadeau empoisonné . La France et De Gaule ne nous ont jamais pardonné notre soulèvement et notre souhait d’accéder enfin à l’indépendance . En livrant les Algériens à l’armée des frontières, De Gaule voulait se venger à moyen ou long terme de notre peuple le privant ainsi d’une véritable indépendance . L’armée des frontières et ses héritiers jouent le jeu de l’ex puissance coloniale, nous privant ainsi de l’émergence d’une véritable nation et privant le Maghreb de la naissance d’un bloc économique, politique et culturel .

Monsieur le professeur Addi, trouve que Boumediene était presque le Abdelmoumene ou le Massinissa du 20e siècle . Le premier était le co-fondateur avec Ibn Toumart de la dynastie des Almouahids, le second était l’unificateur de l’ex Numidie en rattachant Lambèse au reste du pays . L’un et l’autre des deux chefs historiques ont laissé des ouvres que les Algériens et l’histoire n’oublieront pas . Boumédiene, par contre, les Algériens l’évoqueront à chaque qu’ils pensent au populisme, à la médiocrité et à la faillite de l’Algérie actuelle .

Dans son article, monsieur le professeur Addi a évoqué à plusieurs reprises le terme de légitimité historique . Je pense qu’en Algérie, cette légitimité est le symbole de l’égoïsme dévastateur et de la trahison . Au fait, un projet politique, passe par deux étapes ; une phase de mobilisation qui consiste à attirer l’attention des administrés et une deuxième étape qui consiste à la gestion des affaires du peuple une fois la mobilisation de celui ci réalisée .

Les phases de mobilisation et de gestion se succèdent, le succès de l’une dépend de celui de l’autre . On ne peut pas gérer les affaires d’un peuple qu’on n’a pas su mobiliser et on ne mobilise plus un peuple déçu par la mauvaise gestion de ses affaires .

La première étape se distingue par son caractère passionnel, car les dirigeants dans un but de mobilisation des masses, peuvent utiliser la carte du nationalisme ou du passé glorieux par exemple . La phase de mobilisation doit aussi présenter un discours qui intègre le maximum des composantes de la société évitant ainsi toute forme de marginalisation .

En Algérie, la guerre de libération nationale est une arme à double tranchants . Elle peut être mobilisatrice par la référence au comportement honorable des combattants de l’A.L.N qui ont marqué les esprits des Algériens par leurs sacrifices et leur dévouement .

L’exploitation de la guerre de libération à des fins partisanes et pour des intérêts personnels, nous prive de son caractère mobilisateur et divise le peuple Algérien en castes .

Le discours politique basé sur le populisme et sur la légitimité historique, n’arrive pas à intégrer toutes les composantes de la société .

En se contentant d’évoquer et de glorifier les événement de la guerre de libération, on a fini par marginaliser toute une génération de jeunes .

N’ayant pas de véritable solutions aux problèmes de la société, les dirigeants ont condamné le pays à sombrer dans le passionnel, privant ainsi l’Algérie d’une véritable gestion .

Isolés, discrédités, les décideurs avaient besoin de relais d’où la création des associations de moudjahides, de fils de moudjahides, fils de chahids.

Dans un pays où 60% de la population ont moins de 30 ans, entendre un discours politique basé sur cette légitimité historique, devient pour le peuple, une corvée de moins en moins supportable.

Conscients de leurs échecs, les décideurs se contentent d’octroyer des privilèges aux uns et aux autres créant ainsi des catégories de citoyens. Au moment où l’inde pays des castes, fait tout pour consolider son unité nationale, l’Algérie fait le chemin inverse en créant des « castes » !

La reconnaissance, ne consiste pas à octroyer à une partie de la population des cartes d’ayant droit . Le droit à la dignité et à la citoyenneté sont les meilleurs moyens de reconnaissance et d’intégration . Les cartes de la honte ne font que diviser le peuple en accordant des miettes aux uns et le bâton aux autres .

Notre guerre de libération, n’est ni moins importante ni plus importante qu’une autre, la construction de l’Algérie, l’emergeance d’une véritable nation, sont plus importantes que n’importe guerre de libération . Le meilleur cadeau qu’on puisse offrir aux générations futures est une lecture scientifique, faite par des spécialistes de notre histoire récente et lointaine en évitant toutes formes de récupérations partisanes .

Notre avenir, dépend de notre capacité de nous détacher de cette guerre de libération tout en conservant un devoir de mémoire et de fidélité à nos glorieux combattants .

Conclusion

Boumediéne, n’est ni Abdelmoumene ni Massinissa,il est tout simplement le fondateur du banditisme politique comme le disait si bien Farhat Abbas .

Israël au moyen orient, l’Algérie des généraux au Maghreb, bloquent l’émancipation respectivement des peuples Palestiniens et Algériens . Cette situation rend impossible l’émergence de blocs économiques, politiques et culturels dans les deux régions .

Les Palestiniens, ont opté pour l’intifada d’el Aksa pour se libérer . Notre peuple a le choix entre la soumission ou l’intifada qui dans notre cas ne peut être que politique .

Les différentes tendances politiques en Algérie sont appelées à s’unir pour arracher aux décideurs le droit à la liberté . Sans liberté, tout projet de « réformes » est synonymes de ruse et de tromperie .

* Le titre est d’algeria-watch