Bouteflika toujours ministre de la Défense

 

Suite aux informations faisant état
de la prise en charge du ministère par Mohamed Lamari

Bouteflika toujours ministre de la Défense

Le Matin, 9 novembre 2002

Le Président de la République nie avoir confié au général de corps d’armée Mohamed Lamari les prérogatives du ministre de la Défense. Hier, la cellule de la communication du ministère de la Défense a apporté un démenti aux informations publiées ce week-end concernant le prétendu transfert des prérogatives du ministre de la Défense au premier responsable de l’institution militaire. Le communiqué laconique rendu public en début d’après-midi de ce vendredi par le MDN ne souffre aucun équivoque. Il y est clairement établi que le département ministériel suscité est toujours sous la coupe du Président de la République. Le contraire, lit-on, « est dénué de tout fondement ». Que traduit cette mise au point du MDN ?

Que M. Bouteflika ne veut en aucun cas renoncer à ce département. Cette attitude ou cette volonté de se tenir proche de la gestion du secteur militaire s’est confirmée à la mi-juin dernier. A cette date, le premier magistrat du pays décide de promulguer un nouveau décret présidentiel lui confiant la charge de ministre de la Défense. « Par souci de mieux gouverner ou par crainte d’être évincé », selon les observateurs, le chef de l’Etat prend la précaution d’endosser la responsabilité de ce département et ce, alors que la Constitution lui attribue dans son article 77 la qualité de chef « suprême des forces armées ». A quoi renvoie exactement cet état de fait ?
Il renseigne d’une manière claire sur la qualité des rapports et des relations entre la Présidence de la République et la hiérarchie militaire. La mise au point du MDN confirme, on ne peut mieux, la grande brouille existant entre les deux institutions-clés de l’Etat algérien. Cette guerre de positions et les manuvres des uns et des autres en perspective de l’élection présidentielle d’avril 2004 confirme également la détérioration des rapports entre les deux institutions. Chacun se plac en effet dans la trajectoire des prochaines joutes électorales : le Président qui veut à tout prix gagner l’électorat islamiste par la promulgation de nouvelles mesures en faveur des terroristes, et les militaires qui entrevoient à travers cette démarche leur propre déchéance. A ce stade, il est difficile de concilier les deux intentions : M. Bouteflika qui veut en effet mettre en pratique la politique de concorde nationale à la faveur des terroristes islamistes, et la hiérarchie militaire qui, à travers ses représentants, a affiché son refus d’accepter une telle option. Récemment, le Colloque international sur le terrorisme, organisé par le Chef du gouvernement, s’est révélé une occasion pour solder les comptes. Les militaires qui insistent sur la nécessité d’éradiquer le terrorisme, d’un côté, et M. Bouteflika de soutenir que seules d’autres mesures de clémence pour les terroristes pourraient ramener ces derniers à mettre fin à leurs actes barbares. Des organisations de la société civile, à l’instar de l’UGTA, se sont élevées par la suite pour alerter l’opinion publique sur les intentions du Président de réhabiliter le FIS. Le coup de starter de la campagne pour la présidentielle de 2004 est donné.
Nadir Benseba