Commerce avec l’Algérie : Madrid parle de « paralysie totale »

TSA, 30 Juin 2022

Les relations entre l’Algérie et l’Espagne traversent une période de fortes turbulences. Depuis l’annonce par Madrid le 18 mars dernier de son soutien au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental occupé, rien ne va plus entre les deux pays.

Le 8 juin dernier, l’Algérie a annoncé la suspension du traité d’amitié signé avec l’Espagne en 2002.

Dans la foulée, les médias ont fait part d’une note de l’Association des banques et établissements financiers (Abef) demandant aux banques de geler les transactions commerciales avec l’Espagne.

Moins d’un mois après, et bien qu’elle n’ait pas été annoncée officiellement par Alger, la suspension par l’Algérie du commerce extérieur avec l’Espagne est effective, selon le gouvernement espagnol, qui évoque une « paralysie totale ».

Lors de l’annonce de la mesure de l’Abef, l’Union européenne avait réagi pour apporter son soutien à l’Espagne dans son bras de fer avec l’Algérie qui a répondu en dénonçant le parti pris de Bruxelles, sans confirmer l’existence de la note de l’Abef.

Le gouvernement espagnol est revenu à la charge mercredi 29 juin par la voix de sa secrétaire d’État au Commerce qui a fait état d’une « paralysie quasi-totale » des opérations commerciales avec l’Algérie, tant à l’importation qu’à l’exportation, à l’exception des produits énergétiques.

« Une rupture de l’accord d’association »

 « Nous assistons, de facto, à cette paralysie des flux dans les deux sens, que nous considérons comme pouvant constituer une rupture de l’accord d’association avec l’Union européenne », a déclaré Xiana Mendez la commission de l’industrie, du commerce et du tourisme du parlement espagnol.

Les points sur lesquels le gouvernement de Pedro Sanchez estime que l’Algérie ne respecte pas l’accord d’association avec l’Union européenne sont ceux liés à l’interdiction d’entraver les flux commerciaux, celui consacré aux paiements courants et aux mouvements de capitaux et la discrimination à l’égard d’un État membre de l’UE par rapport aux autres, selon le journal El Confidencial.

Xiana Mendez a soutenu que le traité d’amitié suspendu le 8 juin  « ne comporte aucune question commerciale ». Selon elle, le traité signé en 2002 est juste une « déclaration d’intention » sur la reconnaissance de la souveraineté nationale, l’interdiction de l’ingérence dans les affaires de politique intérieure ou la coopération dans divers domaines. Il ne comporte rien de commercial, puisque c’est l’UE qui a cette compétence, a-t-elle insisté.

Dans une interview à El Pais le 26 juin, le ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares a indiqué que la question du blocage du commerce relevait de l’Union européenne.

L’Espagne a exporté vers l’Algérie en 2021 pour 1,8 milliards d’euros de marchandises, contre près de 3 milliards par an avant la crise sanitaire de Covid-19.